lundi 12 avril 2010

Quête du mieux et quête d'humanité

L'avenir, dont les implications logiques sont humiliantes pour eux, ne séduit pas les Français, qui ne se proposent désormais, que de profiter au mieux de l'instant présent, tant que cela peut encore se faire. Car, comment expliquer autrement que dans un pays où tous les voyants de l'économie et de la vie sociale sont au rouge, on puisse encore s'employer à tant d'insignifiance ? Il n'est qu'a constater dans quels endroits se développe désormais le débat public, pour prendre conscience que la substitution d'une préoccupation quant aux turpitudes d'un couple narcissique, en lieu et place d'un attachement au règlement des incertitudes paralysantes qui nous étreignent, n'est finalement qu'une façon admise, de ne rien vouloir savoir.
Faut-il que l'imaginaire de ce peuple, quant à ce par quoi il est, et quant à ce pour quoi il est, autrement dit, sa nécessaire inscription afin de sa détermination, entre un mythe fondateur et un mythe du progrès, ait été gravement atteint, pour que la résignation puisse passer maintenant pour de la raison. Car c'est bien cette démobilisation, ce doute quand à notre capacité sur les choses, qui nous vaut de subir l'obscénité de cette classe dirigeante, qui manque constamment d'assumer ses échecs, en les justifiant par une prétendue insuffisance des citoyens. Ces gouvernants ont développé pour cela, toute une panoplie de "bobards", dont celui selon lequel tout irait mieux, si nous acceptions les dispositions de leur modernité, telles que la précarité, rebaptisée "flexibilité" pour l'occasion, qui par l'incertitude qu'elle emporte logiquement, prive tant de gens de pouvoir s'envisager positivement dans l'avenir. Il fallait donc comprendre que tout irait mieux, si nous acceptions tous les jours, des dispositions nous rendant l'existence de plus en plus difficile.
Un autre de ces bobards, celui selon lequel, par les activités qu'ils ne manqueraient pas de développer avec davantage d'argent, le surenrichissement des plus riches, pourrait in fine constituer une faveur pour les plus pauvres, a quant à lui vécu, car nous avons tous vu !
En fait, toute cette déraison tient à cette "croyance" autant stupide que bornée, selon laquelle il n'est possible de créer de la richesse, qu'à condition et à la faveur de la modération des plus nombreux, autrement dit, qu'il n'est possible de faire un pays riche, qu'avec des pauvres.
Manquer de comprendre, ou ne pas se souvenir que le meilleur du présent ne se peut pour nous, qu'à condition que soit poursuivi le meilleur pour l'avenir, c'est manquer de considérer que nous sommes fondés comme "humains", par la quête d'un ordre préférentiel des choses, établi selon un arbitraire affectif, et qui nous détermine en permanence à une quête du mieux, signifiée d'ailleurs par notre station debout. Car, cette préférence arbitraire quant à l'ordre des choses, constitue bien un caractère d'humanité puisque les animaux, qui se moquent des règles comportementales qui sont les nôtres, et qui n'ont aucune préoccupation de progrès, survivent malgré cela. Dès lors, manquer de poursuivre résolument la quête du mieux social, sous des prétextes de raisons qui ne sont qu'autant de facilités, concédées à l'incapacité de dirigeants mal inspirés, c'est renoncer clairement à ce qui fait fondamentalement de nous des humains.
Le déni de progrès, telle est bien la plaie de notre époque.