jeudi 10 mars 2011

DIEU EXISTE-T-IL ? NON, PARCE QU'IL N'A PAS "LIEU" D'EXISTER.

Les différentes tentatives qui furent les miennes ici, pour intéresser quelques amis à la “cosmologie”, n’ont pas eu à ce jour beaucoup de succès. Il est vrai que ces textes qui sont d’un abord délicat, peuvent rapidement devenir ennuyeux, et de plus, ils sont fatalement longs. Or, l’expérience m’a montré qu’en cet endroit, au-delà de cinq pages, bien peu de gens se montraient disposés à engager leur temps, pour ce genre d’aventure intellectuelle.

Cependant, les événements de ces derniers temps, qu’il s’agisse de l’actualité nationale, ou de l’internationale, font plus ou moins directement référence, et c’est un signe des temps, aux questions religieuses, que nous étions pourtant parvenus depuis un peu plus d’un siècle, à maintenir sous le boisseau de la laïcité. Et tout ceci, selon de rudes controverses quant aux implications comportementales de l’adhésion ou non de chacun à une quelconque confession, et à une époque ou les défis internationaux nécessitent pour y faire face, que soit fermement maintenue la cohésion de notre société. Or, ceci implique une codification encore plus large, des règles d’un “vivre ensemble”, lesquelles s’opposent mécaniquement, aux manifestations de particularismes religieux, dans la sphère publique.

Malheureusement, il se trouve que ces débats sont les occasions de beaucoup trop de proclamations stupides, de la part de gens qui se prétendent instruits des volontés d’une “puissance transcendante”. Et ceci, parce que par une maladresse millénaire aux implications dramatiques, cette transcendance s’est curieusement trouvée “personnalisée”, comme si ce qui nous dépasse, puisque telle est la définition même d’une transcendance, pouvait être réduit à notre dimension, c’est à dire à celle de personnes envisageables et identifiables.

Instruits dans ce sens par des religieux mal inspirés, participant d’institutions qui ont rompu depuis longtemps déjà, avec la “grande Tradition ésotérique”, beaucoup de gens, ceux qui se disent eux-mêmes “croyants”, mais dans une compréhension totalement dévoyée de ce terme, s’imaginent encore qu’il existerait en quelque sorte au firmament un “monsieur Dieu”, c’est à dire un “être”, donc un fait singularisé et identifiable comme tel, mais qui serait curieusement “surnaturel”. Et ceci, comme si ce en quoi consiste fondamentalement un être, se pouvait “au-delà” de son règne, pour qu’en se transcendant lui-même, il puisse acquérir par son propre fait, cette qualité d’être surnaturel. En réalité, parler d’un être surnaturel relève d’un contre sens aussi grotesque que de parler de l’extérieur d’un intérieur, car ce qu’est l’un, ne peut justement pas être l’autre, ces deux termes sont inconciliables en un même concept.

Ainsi, en aucune façon l’être ne se peut “au-delà” de lui, c’est à dire en surnaturel, en ce lieu “hors du temps”, que nous disons “éternité”, selon le terme latin “aeternitas”, qui vient lui-même d’une forme latine plus ancienne, “aetas renitor”, signifiant “ce qui n’a pas d’âge”, c’est à dire clairement, ce qui ne se situe pas dans le temps.

Soyons bien attentif ici au fait que, contrairement à l’idée intuitive que nous nous en faisons, l’éternité ne correspond pas à une durée de temps sans limite, mais décrit tout au contraire, un “lieu” hors du temps, donc où rien n’a précisément “lieu d’être”, mais qui constitue ainsi, la contrepartie inévitable de toutes les époques de ce “lieu de l’être” que constitue “le temps”, et qui se trouvent logiquement toutes opposées, à la même éternité.

Symétriquement, en aucune façon le surnaturel ne se peut à “l’en deçà” de lui, c’est à dire en ce lieu de l’être qui procède de lui, et nous pourrions en rester là, pour dire que cette évocation du surnaturel que nous appelons “Dieu”, n’a pas lieu d’être, et donc qu’il n’existe strictement pas, compte tenu de l’implication temporelle, de ce en quoi consiste l’existence.

Comprenons cependant que si Dieu n’existe pas, il n’est pas inutile de l’évoquer, parce qu’en fait, il “s’éternise”, et du fond de cette éternité, “il peut”, et il peut même “tout”, c’est à dire “l’être”, qui procède de lui, et toute la subtilité de cette affaire, réside dans le fait que Dieu ne saurait participer de cet être qui procède de lui, pour pouvoir ainsi être lui même.

Ainsi, rapporté au domaine temporel de l’être, c’est à dire selon des notions qui ne valent que par rapport à celui-ci, le domaine du “divin” se situe tout à la fois, à l’antériorité, autrement dit à “l’en deçà” de celui des êtres, lesquels “accèdent” tous de lui, dans l’existence, et à la postérité, autrement dit à “l’au-delà” de celui des êtres, qui tôt ou tard, “décèdent” tous vers lui, de l’existence.

Retenons bien que nous procédons tous du divin, c’est à dire de ce par quoi l’être se peut, par notre “apparition”, et que symétriquement, nous participons tous à ce même divin, par notre “disparition”, en accédant alors dans cet au-delà de l’être que nous appelons justement “l’Au-delà”, qui est le lieu surnaturel, et donc éternel, de tous les êtres disparus, et qui pour cette raison sont dits “ à Dieu”. Dans cette compréhension des choses, Dieu est ce en quoi se trouvent rassemblés, tous les êtres disparus, à la postérité de l’être, et tous ceux non encore apparus, à l’antériorité de l’être.

Ceci signifie très clairement que les hommes n’existerait évidemment pas, sans ce par quoi s’est d’abord trouvée établie, la “potentialité” même de leur existence, c’est à dire cette disposition indicible des choses que nous appelons Dieu, faute de pouvoir l’expliciter, et qui, n’étant pas, mais constituant la potentialité de tout ce qui est, nous appelons autrement le “tout puissant”. Observons bien alors que symétriquement, et de manière inattendue, ce que nous concevons comme étant Dieu, ne serait pas sans les hommes qui participent à lui, par leur disparition. C’est précisément cette participation à la divinité par notre disparition, qui constitue l’essence même de ce phénomène que nous appelons selon la singularité du terme, la “religion”, qui d’une façon générale, est le mécanisme selon lequel l’être se trouve lié au surnaturel, et qui, selon la pluralité du terme, c’est à dire “les religions”, rassemble les différentes tentatives faites sous toutes les latitudes et dans toutes les cultures, pour en rendre compte, mais généralement de façon très maladroite.

Dans cette compréhension des choses, la “mort”, est un plongeon dans l’au-delà, c’est à dire dans “l’avenir”, puisqu’il s’agit d’un au-delà de l’être, donc de “l’actuel”. C’est ce qui explique que toutes ces constructions gigantesques des anciens, ces “monuments” qui avaient pour fonction de nous “lier par le souvenir”, sens fondamental de “monu-mentum”, aux anciens, servaient indistinctement tout à la foi de sépulture, et de dispositifs permettant d’interroger et de solliciter l’avenir. C’est ce qui a fait croire à tort aux historiens modernes, que les anciens tels que les Egyptiens, étaient obsédés par la mort, alors qu’en fait, ils étaient tout simplement fortement et avec raison, préoccupés par l’avenir.

Les premiers cultes furent donc des “cultes aux ancêtres”, qui, participant à la divinité dans l’au-delà, donc à la potentialité des choses “à venir”, ce par quoi celles-ci se trouvaient possible ou probables selon la circonstance, se trouvaient sollicités par les vivants, autrement dit les “actuels”, afin qu’il leur advienne pour le mieux.

Tout notre drame s’est produit lorsque des faussaires, en quête de domination, se sont proclamé les porte-parole d’un dieu unique qui leur avait été révélé, et auquel tous autant que nous sommes, nous devions sacrifier, sans prétendre y déroger.

Disons dès maintenant, que la proclamation selon laquelle “il n’est qu’un seul dieu”, témoigne bien d’une volonté de tromper, d’intimider, et de nuire, car il doit être bien clair que le caractère “numéral” attribué à la transcendance, ne signifie absolument rien.

Car, cette transcendance n’a précisément qualité comme telle, que parce qu’elle se situe au-delà de toutes les limites permettant d’identifier une singularité, et de la différencier d’une pluralité. Ceci signifie qu’au niveau de la transcendance, le nombre n’a aucune signification. Ce n’est que pour nous, dans notre monde temporel, qu’il en possède une. Dès lors, en rapportant à nous la transcendance, il nous est tout à fait loisible de l’envisager comme étant “une”, c’est à dire “Dieu”, ou comme étant “multiple”, c’est à dire “Dieux”, ou “les dieux”, car il ne s’agit là pour nous en fin de compte, que de différentes façons de l’envisager, selon notre choix, mais il ne s’agit en aucune façon, dans ce caractère numéral, d’un caractère de la transcendance elle-même, ce qui n’a aucun sens.

L’autre subtilité maintenant, c’est qu’en envisageant la divinité comme étant une, c’est à dire comme “l’Amon”, des Egyptiens, il n’est absolument pas possible d’en dire quoi que ce soit, puisqu’il s’agit alors du “Tout”, situé au delà de tout, duquel tout se réalise et auquel tout abouti, et qui ne possède donc aucune particularité, puisque par définition même, il ne peut y avoir de “particularité”, que comme qualité d’une “partie” du Tout.

Confondant en lui toutes les particularités de ses parties, aucune de celle ci ne saurait spécifier le Tout, pour qu’il puisse ainsi avoir une qualité. C’est pourquoi les Egyptiens disaient justement de lui, qu’il était “inconnaissable”.

Prétendre à un dieu unique, autrement dit à une approche de la transcendance comme étant une, donc comme étant le Tout non discerné et nommé Dieu, des qualités, des pensées, des gestes, des intentions, des préférences quant à l’ordre des choses, et de volontés, et se prétendre de surcroît, le rapporteur attitré de ces volontés, et exiger des hommes leur soumission à celles ci, et par cela, à leur rapporteurs, procède d’une entreprise de faussaires, auquel il est grand temps d’y mettre fin.

Il doit être bien entendu une fois pour toutes, que “ce qui peut”, ne peut que ce qu’il possède, et ne le peut qu’a cause de cela. Ce qui peut tout, c’est à dire le “tout puissant”, possède donc forcément déjà tout, et on ne voit évidemment pas ce qu’il pourrait manquer au Tout. En conséquence, il n’a absolument rien à vouloir, et ne veut rien.

Dieu ne veut absolument rien, lui prétendre des volontés relève de la supercherie, telle qu’elle était déjà dénoncée dans la lointaine antiquité, ou il était interdit de “prononcer” le nom de Dieu, autrement dit, de lui prétendre quelque “vocation”, susceptible de justifier une volonté quelconque.

Comme vous le comprenez, il y a beaucoup à dire sur cette question, il s’il nous fallait l’approfondir, cela nécessiterait de très nombreuses pages ( plusieurs centaines ). Or, pour conserver quelque chances d’être lu ici, je m’efforcerai de ne pas en dépasser quatre, en espérant qu’une occasion se présentera pour que nous puissions aller plus loin.

Mais pour l’immédiat, je veux dénoncer cette manoeuvre persistante de gens, acquis à des pratiques religieuses archaïques et bornées, parce qu’ils trouvent dans ces pratiques, les occasions d’exercer un pouvoir sur les autres, et d’acquérir par cela une reconnaissance que la société civile leur refuse par ailleurs, raison pour laquelle, ils la combattent avec rage. Nous ne pouvons pas supporter plus longtemps ce baratin selon lequel le tout puissant aurait confié à certains, ses vues quant à la façon dont il aimerait que les humains s’organisent sur cette fichue Terre, et pour commencer, que ceux-ci cessent de s’offrir du plaisir avec leur sexe, puisque manifestement, et comme j’ai pu l’observer si souvent, telle est là, la préoccupation principale et obsédée de tous ces gens qui donnent dans le religieux, ce qui leur vaut d’être sans arrêt en guerre contre les femmes.


C’est vraiment au niveau de leur “quèquette”, que tous ces religieux ont un problème, et tout cela comme vous allez le voir, n’est pas sans raison. Ne perdons pas alors de vue, que “les religions” ne sont que des tentatives bien maladroites, de rendre compte de “la Religion”, la vraie, qui est tout autre chose que du baratin de religieux.

Nous autres les humains sommes inévitablement en “religion”, telle que celle-ci nous “subjugue”, c’est à dire telle que, dans le sens fondamental de ce terme, elle nous “soumet”, selon une séduction qui nous rend “désireux”, et qui justifie que nous soyons dans la “quête”, de tout ce qui nous est “à venir”.

Comprenons dès maintenant, que puisque rien ne peut se développer sans cause, il faut bien que les mécanismes physiques et psychiques que nous mettons en oeuvre pour “devenir”, et être ainsi “inscrits dans le temps”, soient provoqués, et ils le sont par la religion, c’est à dire par cet exercice de l’ensemble des choses sur chacune d’elles, lequel résulte de la sommes des exercices de chacune sur les autres, et qui est l’exercice du Tout transcendant, sur les êtres immanents qui procèdent de lui.

Notons au passage que notre soumission à la religion se manifeste physiquement par notre station debout, qui est la posture de l’homme dans sa quête de l’au-delà, ce qui rapporté au monde temporel, est une quête “d’excellence”. C’est cette excellence de l’humain par religion qui, selon leur verticalité, se trouvait signifiée par les obélisques de l’Egypte ancienne, et ce n’est pas un hasard, s’il s’en trouve un de ceux-ci, à Paris, terre de lumière (Lu Tetia, Tete, étant la déesse mère, la Terre), ou, oeuvre de lumière ( Lu o(e)vre ).

C’est donc par la religion, telle qu’elle traduit l’exercice de l’au-delà transcendant, c’est à dire de l’avenir, sur nous, que “sommes”, autrement dit que nous existons, puisque c’est par elle que “nous devenons”, et que nous ne pourrions “être” et demeurer quelque peu, sans devenir graduellement “autre”, cette “altération”, constituant la marque même de notre inscription dans le temps. Ainsi, c’est par la religion que s’établit notre rapport aux autres, afin de notre être, et donc le meilleur de notre être, selon le meilleur de notre rapport aux autres. Nous pouvons déjà comprendre à ce sujet que, la religion ayant pour finalité le meilleur de notre être selon le meilleur de notre rapport aux autres, toute religion autoritaire et dogmatique, basée sur la coercition, et donc sur un mauvais rapport de chacun aux autres, constitue une mauvaise religion.

La religion participe donc au développement de notre temps, mais il est une autre procédure, qui participe elle aussi au développement de notre temps, il s’agit du “sexe”, qui est ce par quoi nous nous donnons “avenir”. Ainsi, dans la réalisation de notre temps, il est ce qui dépend de nous, c’est à dire nos actes, tels que ceux-ci possèdent une implication à venir, et particulièrement l’acte sexuel, et il y a ce qui dépend du Tout, c’est à dire l’exercice sur nous ce celui-ci, par religion.

Il apparaît tout de suite que sexe et religion exercent conjointement, mais en sens inverse, dans la réalisation de notre temps, le sexe exerçant du présent vers l’avenir, et la religion exerçant de l’avenir vers le présent. Ceci de telle sorte que l’exercice de l’un, constitue mécaniquement une “perversion” de l’exercice de l’autre, le sexe constituant alors une perversion de la religion, et la religion constituant une perversion du sexe.

Tous ces intégristes religieux auront beau se défendre, ils sont par définition même, des “pervers sexuels”, qui s’emploient en permanence à nier la femme, et sont donc des hommes dangereux et malfaisants, dont nous n’avons pas à subir davantage le discours et les manières.

Paris le 8 mars 2011
Richard Pulvar