dimanche 11 décembre 2011

QUAND A ADAM ET EVE




Un de mes amis m'a posé une question concernant la représentation d’Adam et Eve. Il s’étonnait de celle-ci, maintenant qu’il semble être établi que les premiers hommes furent noirs.

Je vous entretiendrai prochainement quant à cette question complexe des origines de notre humanité, dont nous verrons qu’elle ne peut se résumer aussi facilement qu’en disant des premiers hommes, qu’ils étaient de tel type, et qu’ils apparurent en tel endroit.

En attendant, je vous fais partager ici pour ceux que cette question intéresse, la réponse que je lui ai adressée.

Salut Didier.

Il y a depuis des lustres une méprise totale quant à ces enseignements de la bible, parce qu’il ne peut être question concernant celle-ci, de prendre les termes dans leur sens premier d’aujourd’hui, car il s’agit en cette tradition, de ce que nous nommons une “légende”, selon le sens du terme latin “legenda”, qui signifie en fait, “ce qui doit être lu”. Ceci, pour différencier, dans les obligations liées à une quête de savoir, l’usage de cette “tradition écrite”, de celui de la tradition orale, c’est à dire de “ce qui doit être entendu”.

D’une façon inattendue, il existe avec cette tradition écrite, une difficulté par le fait que sur une longue durée, son contenu subit curieusement d’avantage encore “d’altérations”, qu’une transmission de la connaissance par la tradition orale. Ceci tient tout simplement au fait qu’il ne peut manquer de se produire une “usure”, de quoi que ce soit dont nous “usons”, étant entendu qu’en aucune façon nous ne saurions “user”, de quoi que ce soit “d’inusable”.

Il se produit donc fatalement au cours des temps, une “usure”, y compris de ces données informelles que constituent les mots de notre langage, par le seul fait de leur “usage”. Ceci se traduit par le fait qu’à “valeur sémantique constante”, il se produit une variation cyclique de la “phonétique” des termes que nous utilisons, selon ce phénomène curieux que les linguistes désignent quant à eux comme étant des “rotations du langage”, mais auxquelles, ne percevant pas ces altérations comme étant le tribut du au temps pour l’usage de la langue, ils accordent à tort, des causes physiologiques.

Symétriquement, c’est à dire à “valeur phonétique constante”, ce qui devient le cas, dès lors que les termes d’un enseignement se trouvent consignés par écrit, il se produit une variation cyclique de la “valeur sémantique” des termes consignés, lesquels ne sont plus en adéquation avec les termes parlés, qui évoquent la même idée, puisque ceux-ci ont changé.

Note bien que le caractère “cyclique” de ces altérations sémantiques ou phonétiques, est du au fait qu’il n’existe pas de résolution “linéaire” du temps, il n’existe qu’une résolution “périodique” de celui-ci, et qui est forcément celle de tous ce qui se trouve impliqué selon lui.

Tout ceci signifie qu’un même terme, demeuré constant parce que consigné par écrit, n’a plus la même “valeur sémantique” aujourd’hui, que celle qu’il avait il y a trois mille ans, lorsqu’il a été ainsi consigné. C’est ce qui explique que les comptes-rendus scientifiques écrits, et comme tels “devant être lus”, donc “legenda”, d’il y a trois mille ans, sont bel et bien devenus aujourd’hui des “légendes”, selon le sens que nous donnons maintenant à ce terme.

Notre travail consiste alors, afin de retrouver le vrai sens des enseignements d’origine, à tenter de retrouver le sens qu’avaient les mots du compte rendu scientifique, à l’époque de sa rédaction, en partant du fait que, puisque leur altération sémantique est “cyclique”, il existe forcément une corrélation logique entre le sens qu’ils possèdent aujourd’hui, et celui qu’ils possédaient à l’époque où le compte-rendu fut écrit.

En procédant ainsi, et au prix il faut bien le dire, d’un rude travail, on se rend compte qu’il s’agit bien en cette partie de la bible dite la “genèse” d’un enseignement scientifique, mais dont le sens était visiblement déjà perdu, du temps même des hébreux qui l’ont transcrit, à partit d’une tradition égyptienne.

Concernant donc précisément cette histoire d’Adam et Eve qui te préoccupe ici, il faut comprendre que lorsque le scribe utilise des formules telles que “ Au commencement...”, il ne s’agit pas d’une précision chronologique, mais simplement de la nécessité de créer un artifice de “début”, afin d’une explication des choses qui en réalité n’en possède pas. Ceci, compte tenu qu’une “éternité” de notre univers se trouve forcément liée à sa “temporalité”. Car, éternité et temporalité forment les deux éléments indissociables d’une seule et même chose, c’est à dire de la “contradiction” même qu’elles forment, et en laquelle elles sont solidarisées.

Puisqu’il n’existe pas de début objectif des choses, le scribe commence donc à en énoncer les grands principes, et la formule “au commencement”, revient finalement à dire, “Considérons pour commencer que...”. Il ne s’agit donc pas du tout en ce passage de la bible, de la description d’un premier homme, comme beaucoup trop de gens continuent de le croire, mais de la description de ce qui est “premier” à l’homme, c’est à dire de son “principe”.

Il s’agit alors en ce principe, du fait pour l’homme d’être constitué comme un “entier”, et c’est en ce sens qu’il est dit “fait de terre”. Ceci, selon l’opposition “ciel-terre”, où le terme “ciel” signifie la “disparité” des parties de l’objet, de sorte que les êtres “disparus” sont dits, “en ciel”, et où le terme “terre” signifie la cohérence immédiate des parties de l’objet selon une “entité”, c’est à dire “l’entier”. Le scribe précise alors qu’il est fait à “l’image de Dieu”, c’est à dire de façon symétrique à celui-ci, tel que notre “image” dans une glace, nous est symétrique, car il s’agit comme tel d’un entier “indivis”, ou si l’on préfère d’un “individu”.

Le scribe nous révèle ainsi, la contradiction fondamentale qui existe entre l’entité de “l’indivis”, lieu de “l’être”, et la disparité du “divin”, lieu de tous les êtres “disparus”, tels que ceux-ci sont précisément dit “ à Dieu”.

En fait, il n’y a qu’en étant constituée comme un “entier”, qu’une chose quelconque peut “être”, car il lui faut pour cela acquérir des éléments d’autres choses sous une “forme”, puis rétrocéder hors de sa forme des éléments vers d’autres, afin de sa “transformation”.

Cette transformation constitue la marque du temps sur l’entier, donc la manifestation de son “être”. L’entier indivis, constitue bien le “lieu” de l’être, alors que la disparité “divise”, du “divin”, constitue quant à elle un “au-delà” de l’être, donc un au-delà du “temps”, que nous nommons en ce sens “é-ternité”, avec un é préfixe privatif, qu’il nous faut comprendre en opposition à ce qu’il conviendrait de nommer “internité”, pour signifier le temps lié à l’entier. Ceci, en corrélation avec l’étymologie du mot qui vient du latin “aeternitas”, lui-même issu d’une forme plus ancienne “aetas renitor” signifiant, “ce qui n’a pas d’âge”.

C’est donc pour signifier ce rapport de l’entier indivis au temps, principe de l’homme, que le scribe le nomma Adam, ce qui à l’origine était, “Ad-amon”, en signifiant ainsi, ce qui conduit (ad), à l’unité (amon), c’est à dire “l’universalité”, qui constitue la logique même du “temps”, dans la mesure où nous sommes précisément dans un “univers”, c’est à dire dans une disposition des choses, où celle-ci “tendent” à n’en former “qu’une” selon le “temps”, ce qui correspond à la signification fondamentale du latin “uni-versus”.

Il ne s’agissait donc pas en cette histoire “d’Adam et Eve”, avant qu’elle ne devienne “légende”, d’un conte romantique à l’issue dramatique, mais d’enseignements très pointus.

Quant à Eve, il ne s’agit évidemment pas la non plus, de la description d’une première femme, mais de ce qui “participant” à l’entier indivis, “sous-tend” son être.

Pour nous signifier qu’elle participe au fait de l’Adam, le scribe nous dit qu’elle en constitue un “coté”, autrement dit un “aspect” de celui-ci, et non pas une “côte”, comme continuent stupidement de le concevoir nombre de gens. Si les côtes de notre squelette portent ce nom, c’est parce qu’il s’agit d’os de celui-ci, qui sont visibles sur le “coté” de l’individu.

Eve constitue donc un aspect, participant à l’être, tel que celui-ci se maintient dans le temps.

Comprends qu’il s’agit en fait de la “pensée”, dans un sens large de ce terme, c’est à dire tel qu’il possède à la fois une acception “physique”, et une “psychique”, et qui décrit le “flux” de tout ce qui provenant de ce qui lui est “autre”, traverse un “être”, en faisant qu’il devient ainsi graduellement “autre” que ce qu’il était, autrement dit qu’il se “transforme” selon le temps.

En ce sens c’est donc bien Eve qui rend Adam mortel, puisque c’est selon elle que celui-ci “vieillit”, autrement dit qu’il se réalise selon une disposition de plus en plus éloignée de la disposition initiale qui l’avait vu naitre, jusqu’à atteindre une incohérence fatale.

La pensée physique est bien sûr le fait de notre alimentation, laquelle nous traverse par des cheminements plus ou moins complexes. Or, sans que jamais nous le soupçonnions, notre pensée psychique que nous croyons prendre naissance au plus profond de nous-mêmes, relève exactement d’un même mécanisme, c’est à dire qu’elle s’alimente de significations provenant de tout ce qui nous est autre, et nous traverse en conduisant à notre “expression”, après que nous en ayons “conçu” des objets, à partir des éléments accumulés en notre mémoire, que nous gérons alors par “réflexion”, c’est à dire selon un dialogue avec nous-mêmes.

Bien sûr il faudrait développer bien au-delà, mais cela prendrait des tas de pages, retiens donc pour l’instant que :

Adam c’est “l’entier”, tel qu’il constitue le siège de “l'être”.

Eve c’est la “pensée”, telle qu’elle participe à l’entier en le faisant justement “être”.

Ceci, selon la formule du grand Descartes : “je pense, donc je suis”.

Paris, le 10 décembre 2011
Richard Pulvar