jeudi 16 février 2012

L’INCERTITUDE FRANCAISE




Nous le pressentons tous, et nous comprenons tous, même si c’est confusément, que nous nous trouvons avant quelque chose de déterminant, avant quelque chose qui se passera, et qui fera que justement, plus rien ne sera comme en cet avant où nous nous trouvons encore.

Cette probabilité est due au fait que, réfugiée dans les derniers retranchements de son inconséquence, toute une classe politique qui s’est faite méchamment castrer par une logique implacable des choses, dont elle prétendu se moquer, et qui par les projets les plus cyniques, tente de faire croire qu’elle en possède encore, ne sait désormais plus qu’insulter à toutes les occasions, un peuple dont la charge l’écrase. Ce lamentable spectacle de notre vie publique, où des dirigeants s’en viennent contester leur peuple ne peut plus nous laisser aucun doute, quant au fait que nous nous trouvons à la veille d’un événement du niveau de 1789, de 1914, ou de 1939.

La tournure que prennent les événements en Grèce, où certains prétendent infliger encore davantage à ce pays, ces mêmes solutions qui depuis plus de deux ans ont démontré leur totale nocivité, tout simplement parce qu’ils ne savent absolument pas quoi faire d’autre, et qu’ils sont sous la coupe de profiteurs cherchant encore à tirer un avantage de ce malheur, doit nous faire comprendre le caractère totalement inattendu de la situation dans laquelle nous nous trouvons, qui est “l’abolition” définitive du pouvoir gouvernemental et parlementaire.

Le “pouvoir”, celui dévolu en principe à certains hommes, ayant à charge de conduire pour le mieux les affaires de la nation, ce pouvoir a disparu, il n’est plus !

Quand nous parlons de pouvoir ici, il ne s’agit évidemment pas de “l’autoritarisme” minable et nuisible, exercé par des parasites incapables, ayant infecté notre démocratie, et qui n’ont que l’injure, le mépris, et l’exclusion à la bouche, mais du pouvoir, du vrai, de celui qui, exercé par des hommes dignes de cette charge, fait qu’à partir d’une situation donnée, et aussi défavorable soit-elle au départ, nous accédons logiquement à un “mieux”. Il s’agit d’ailleurs en cette acquisition d’un mieux, par delà toutes les procédures formelles du jeu démocratique, de la seule et véritable légitimité à son exercice du pouvoir, que peut s’offrir un gouvernant.

Or, à cette heure du bilan de cette désespérante mandature, il apparait avec cruauté, que dans tous les domaines, absolument tous les domaines, les hommes qui ont eu en charge de conduire les affaires du pays, bien loin de le faire parvenir à un mieux, l’ont amené dans des situations encore pires que celles qui étaient les siennes, quant ils ont accédé aux affaires.

Et qu’on ne viennent pas nous chanter que c’est à cause de la crise internationale, car ce qui est demandé à un gouvernement dans une telle situation, ce n’est non pas de nous éviter l’épreuve, mais de placer le pays dans les meilleures conditions pour pouvoir y faire face, et de ne surtout pas faire comme se sont délectés dans toute leur perversité, à le faire ces chiens, c’est à dire de semer la discorde entre les citoyens de ce pays, au moment ou plus que jamais, il était nécessaire de fédérer toutes ses âmes, dans le projet de sauvetage, puis de renaissance.

En réalité, ces eunuques agités n’ont jamais rien pu, ils n’ont jamais eu aucun pouvoir, parce que même au-delà de l’élection, celui-ci ne peut provenir que du peuple qu’il convient alors de s’acquérir, pour qu’il soit disposé à exercer avec confiance et enthousiasme, dans la voie qui lui est proposée.

L’idée totalement archaïque qui a sous tendu la politique menée dans ce pays depuis cinq ans, c’est qu’une classe restreinte de crâneurs fortunés, persuadés d’être parce que tels, des “élus” du ciel, pour avoir détourné les mécanismes de la solidarité nationale à leur profit, suffirait par leur entreprise, à donner matière à exercer efficacement à des hordes de “gueux”, pour la plus grande félicité de la nation.

Il est évident pour n’importe qui sain d’esprit, mais malheureusement tel ne fut pas le cas des dirigeants de ce pays, qu’une nation moderne ne peut absolument pas fonctionner de cette façon, compte tenu de sa complexité, et du besoin énorme d’initiatives de toutes sortes, devant être prises dans une multitude de domaines, ce qui nécessite de nombreux intervenants, et pour la mise en œuvre desquelles, il convient d’avoir un minimum de moyens.

Ainsi, au lieu de la concentration des cartes financières qui fut opérée dans les mains de quelques-uns, c’est justement tout au contraire, à une large redistribution de celles-ci, afin qu’un maximum de nos concitoyens puissent participer au jeu économique, qu’il aurait fallu procéder.

Ceci, étant bien entendu qu’aussi génial que soit réellement ou supposé tel, un intervenant quelconque, il n’aura jamais ni les occasions, ni la compétence professionnelle, ni la capacité intellectuelle, et ni tout simplement le temps, de prendre toutes les initiatives et de mobiliser toute la compétence, de plusieurs milliers de professionnels, au fait des spécificités de leurs secteurs, mais privés de moyens et par là, de toute espérance d’entreprise.

Cette option “élitiste” totalement anachronique, pour la gouvernance d’une nation, traduit bien la pauvreté d’esprit de ces gens, qui n’ont pas fait le moindre effort documentaire, pas même quant aux règles les plus élémentaires de la dynamique sociale, qui veulent que les membres d’une société ne peuvent être efficacement mobilisés, que s’ils sont “déterminés” selon un projet social de “mieux-être”, dans la quête d’une “utopie” qui comme telle, n’a pas à être atteinte, mais dont la poursuite ne doit absolument pas être dissuadée.

D’autre part, ils doivent se savoir des “acteurs” du projet commun, et trouver par cela les occasions de faire valoir leur talent, et en obtenir une gratification, et certainement pas se voir considérés comme des “serfs”, soumis aux caprices, à l’incompétence, et à la nuisance, de quelques puissants.

Notre malheur c’est que ces malades mentaux, dont “l’ego” hypertrophié, n’est que la traduction de leurs efforts obsédés, dans la quête d’une notoriété qu’ils savent pourtant bien, ne pas devoir naturellement leur échoir, et dont “l’avidité”, ne traduit quant à elle, que la “vacuité” de leur esprit, c’est à dire le fait qu’ils se trouvent totalement “ à vide” d’originalité, sont parvenu malgré tout à se hisser au plus hautes fonctions de l’état. Ceci, par l’exploitation totalement malhonnête de ce qu’il peut y avoir de pire dans l’âme des citoyens d’une nation, c’est à dire ce “sectarisme” détestable, qui constitue pour ceux fragilisés par les événements, et qui ne peuvent plus dire positivement, “voici ce que je suis”, de sauver les apparences en disant, “voici ce que je ne suis pas”. Et dans ce cas, il leur convient de se décrire un “autre”, comme étant moins que rien, et la cause des difficultés de la société.

C’est donc en instrumentalisant le malaise d’une société atteinte, et qui va conduire à tous les racismes, de race, de classe, de sexe, d’opinion, et de religion, que ces gens vont accéder au pouvoir. Or, c’est justement cette exploitation du sectarisme, constituant la faveur de leur élection, qui va rendre ensuite ces gens totalement incapables de gouverner. Car, dans les temps difficiles qui sont les nôtres, il faut être en mesure de s’adresser, d’être compris, et d’être suivis, par toute la nation, comme étant un seul homme, ce que ces gens sont par le fait, totalement incapables de faire...

Dès le départ, et par la dynamique même qu’ils ont mis en œuvre pour se hisser au pouvoir, ces gens n’avaient aucune chance de réussir, et c’est là que nous arrivons au constat de ce qui rend la situation de ce pays inextricable, à savoir que dans l’état actuel des choses :

“ C’est précisément ce qui permet à un individu d’accéder au pouvoir, qui le rend par la suite incapable de gouverner...”

Bien sûr, ne s’adressant pas à la même clientèle, ceux de gauche n’utiliseront pas les mêmes bobards, mais ils ne sont pas en peine de trouver toutes espèces d’autres saloperies, pour pouvoir se remplir les urnes, comme satisfaire à ce courant de pensée de tristes “bobos”, et d’un lobby malfaisant, qui consiste à destiner des enfants orphelins, à “égayer” des couples d’homosexuels. De plus, tous les idéaux proclamés, de lutte contre l’impérialisme, contre le colonialisme, contre le racisme et pour la paix, passent-ils à la trappe les uns après les autres, sous le coup d’arguments éculés, tels que porter la démocratie à travers le monde, racolés chez ceux d’en face, au fur et à mesure qu’approche l’échéance électorale.

C’est donc jusqu’au fond des tinettes, que tous ces candidats sont déterminés à aller à la chasse aux votes en leur faveur, pour se rendre par la suite incapables de gouverner.

Il est clair que ce pays n’est plus gouverné depuis des années déjà, et qu’une telle situation dans laquelle rien ne trouve de solution, ne pourra s’éterniser, et ceci, d’autant que pour parvenir à leurs fins, des apprentis sorciers se sont employés à exploiter sans limite, les antagonismes au sein de la population.

Il est facile maintenant de comprendre qu’en aucune façon cette société ne pourra durablement continuer ce train de fausse démocratie, dans un pays aux tensions grandissantes, et que de cette situation, qui ne possède aucune issue favorable possible par la voie des urnes, seules trois catégories d’événements, peuvent se trouver en conséquence de son insupportable prolongement, une “révolution”, un “coup d’état”, ou une “guerre étrangère”. Et le pire, c’est que nous ne sommes pas à l’abri d’avoir à faire à un cocktail infernal de ces trois drames.

Tous les gouvernements occidentaux ont la “tentation de la guerre”, puisque c’est la seule façon pour eux, d’espérer se maintenir, en exigeant alors une union-sacrée les mettant à l’abri de se faire renverser, et en tentant de relancer la machine économique par l’effort de guerre. Il est à remarquer qu’ils disposent pour cela, de la lâche complicité de leurs opposants, et s’il n’était la détermination des Russes et des Chinois, à ne pas laisser faire, il est plus que probable que nous serions déjà en guerre, contre la Syrie et l’Iran, dans un conflit des plus dangereux, et des plus incertains qui soient.

Une “révolution” pourra peut-être se faire en Grèce, en Italie, et au Portugal sans trop de problèmes, mais certainement pas dans un pays qui possède l’arme nucléaire, et une des plus puissantes armées au monde, ce qui constituerait un cauchemar pour les gens du Nato, et pour les Israéliens, surtout si des musulmans se trouvaient, comme cela semble inévitable, dans les rangs des révolutionnaires parvenant au pouvoir. Il faut donc s’attendre à ce que soit fomenté par des puissances étrangères, un “coup d’état”, dans la foulée même du mouvement révolutionnaire, comme cela vient de se passer sous nos yeux, en Egypte, sous la belle appellation fallacieuse de “printemps arabe”.

Qu’en sera-t-il exactement ? Seuls les Mayas pourraient peut-être répondre, pour qui saurait les interroger. Mais ce drame, parfaitement prévisible et dont il est remarquable que personne dans ce pays ne tente quoi que ce soit pour l’empêcher, ne constituera donc pas en ce sens un malheur tombé du ciel, mais une sorte de suicide collectif, de la part de citoyens qui n’attendent plus rien de cette société, et qui plutôt que de s’employer à l’abattre, attendent qu’elle meurt de sa belle mort...

C’est là qu’ils se trompent d’une façon dramatique, car ils se privent ainsi d’avoir quelque prise sur l’événement, qui peut alors nous conduire, à la plus totalitaire et archaïque des sociétés. Il aurait fallu, pour assumer pleinement sa responsabilité de citoyen, poser la contestation de cette société, tout d’abord en refusant de se prêter au simulacre de démocratie qui se tiendra dans deux mois. Mais l’attitude bornée des partisans d’un tel ou d’un tel, qui ne rêvent stupidement que de satisfaire leur égo en se disant “on a gagné”, sans être pour autant capable de dire “gagné quoi”, nous fera manquer ce rendez-vous du peuple avec lui-même, de sorte qu’il a désormais rendez-vous, avec d’autres assoiffés de pouvoir...


Paris, le 16 février 2012
Richard Pulvar