jeudi 14 juin 2012

LES FEMMES, L’ARGENT, ET LE POUVOIR, LA TRILOGIE DE LA QUETE MILLENAIRE DES HOMMES




Elle aura fait grand bruit, cette affaire pourtant plutôt minable, il faut bien le dire, qui vient d’opposer la compagne d’un dirigeant, à “l’ex” de celui-ci devenue sa rivale déclarée.

Par delà la péripétie elle-même, et notre désolation de constater si peu de bonne tenue, au niveau le plus élevé de l’état, cette histoire scabreuse présente cependant l’avantage d’être parfaitement descriptive, et même emblématique, de tous ces tourments de l’âme humaine, auxquels la condamne la contradiction chez cet animal bipède “socialisé”, que nous appelons “l’homme”, d’un libre cours donné par ses actes, à des incitations logiques de sa “nature”. Ceci, par un ensemble de règles à finalité “sociale”, qui constitue comme tel un fait “culturel”, en ce sens qu’il s’oppose au “naturel”, et que nous appelons, la “morale”.

Cette affaire n’est pas tant invraisemblable, car elle a mis en œuvre des sentiments, bien sûr, inavouables, mais qui à un instant de notre vie, nous ont probablement tous habités. Mais elle est fondamentalement “immorale”, dans la mesure où elle révèle un sérieux manque d’une maitrise d’elles-mêmes des protagonistes, qu’à ce niveau de responsabilité, il leur est fait pourtant devoir d’acquérir absolument, et dont la pratique constitue précisément, l’objet de la morale.

Il y eut pour commencer, la manifestation inappropriée de l’ambition d’une femme, désireuse de se faire élire, mais à la faveur du travail de fond patient et besogneux d’un autre, à son détriment, et au mépris le plus total de l’électorat qui, s’il faut en croire les sondages, n’est pas du tout disposé à se laisser ainsi imposer par un état major parisien, un choix qui n’est pas le sien. Et tout ceci, pour garantir la carrière d’une “apparatchik”, pour laquelle cette circonscription ne sera jamais qu’un banal “marche pied”, pour lui permettre d’atteindre le “perchoir”, autrement dit, la présidence de l’assemblée nationale, objet réel de son ambition.

Il y eut ensuite, la réaction de jalousie maladive et infantile d’une autre, qui n’a pas supporté que la première reçut des encouragements de la part de celui qui est devenu son compagnon, et qui s’est offert la liberté d’un règlement de compte de la plus totale obscénité. Et ceci qui plus est, en usant d’une notoriété liée à son statut, celui de “première dame” qui, pour n’avoir rien d’officiel, se trouve cependant consacré par l’usage depuis des lustres, pour interférer dans les affaires de l’état, afin de ses histoires personnelles...

Entre l’ambition insatisfaite de l’une qui, n’ayant depuis toujours que le confort de son “ego” d’enfant gâtée comme objectif, ne sera jamais parvenue à revêtir d’une façon crédible, des habits indiquant son dévouement à la nation, et la jalousie possessive de l’autre, il y a bien sûr de quoi faire dire aux spécialistes de la psychologie des profondeurs.

Cependant, par delà toutes les considérations morales qui ont bien sûr leur importance, car ce qui est en cause, c’est une nécessaire “convenance” devant être établie entre citoyens, afin de relations “civilisées” entre eux, il nous faut malgré tout avoir l’honnêteté de constater que le reproche explicite que nous faisons à ces femmes, et particulièrement à celle qui s’est montrée incontrôlée et par laquelle le scandale est arrivé, se double d’un reproche “indicible”, qui va quant à lui, bien au-delà de la stricte objectivité des faits.

En fait, c’est ce “non dit” et “mal vécu”, qui explique l’ampleur du vacarme provoqué.
En réalité, parce qu’il se trouve normalement inattendu à ce niveau, d’où il a par le fait reçu une publicité tapageuse, cet incident est dénonciateur de quelque chose que nous savons bien confusément, mais qui se trouve habituellement caché sous le boisseau des convenances. Il s’agit de ces inclinations comportementales, qui sont logiques de notre nature profonde, mais auxquelles s’opposent nos exigences culturelles, et dont l’expression non contrariée par celle-ci, confine en ce sens à “l’immoralité”. Notre inconfort provient alors du fait que c’est pourtant bien selon cette immoralité, que se trouvent établis depuis toujours dans nos sociétés, les rôles de “pouvoir”.

En effet, parvenant à la suite de nombreux autres, et particulièrement de toutes les frasques du précédent locataire du “palais”, cet incident nous rappelle de façon dérangeante, mais cette fois indiscutable, que les histoires de femmes innombrables et souvent indécentes, auxquelles ceux-ci s’adonnent, et qui du fait de ce libre cours, sont strictement “immorales”, sont, selon toutes leurs turpitudes, inévitables de la carrière des hommes de “pouvoir”.

Osons ce constat une bonne fois, à savoir que : “les femmes, l’argent, et le pouvoir”, sont bien les éléments d’une “trilogie” qui règle depuis des millénaires, et bien malgré eux, la démarche des hommes, selon qu’ils se trouvent alors plus ou mois mus par “l’ambition”. Ceci, selon une quête incessante et parfois éreintante, mais condamnée à l’insatisfaction...

Comprenons ici, que si les histoires de “sexe” et de “fric”, sont indissociables des rouages du pouvoir, et qu’il serait illusoire d’espérer et d’exiger en ce domaine, autre chose que la plus grande discrétion, ce que certains reconnaissons le, parviennent à faire avec talent, c’est tout simplement parce que c’est selon une seule et même “détermination”, que s’exerce conjointement en ces trois domaines, la quête des hommes.

Faisons ici un petit clin d’œil. Il y a en effet ceux qui courent d’abord après l’argent, afin d’accéder ensuite aux femmes et au pouvoir, ceux qui courent d’abord après le pouvoir, afin d’accéder ensuite à l’argent et aux femmes, et ceux qui courent d’abord après les femmes, afin d’accéder ensuite à l’argent et au pouvoir. Tel fut en ce dernier cas, mis à part le général de Gaulle, et en attendant davantage d’informations quant au nouveau “quinquennard”, celui de tous les autres présidents de notre cinquième république, qui ont tous commencé par épouser une riche héritière, avant d’aller s’acheter un Labrador.

Ce monsieur Jospin quant à lui, avait bien fait l’acquisition d’un Labrador, mais il ne disposait pas de la riche héritière, et on sait ce qu’il advint de lui...

Pour reprendre notre sérieux après ce petit amusement, disons qu’il s’agit finalement en cette quête des hommes, d’une quête non pas “du”, mais “de” pouvoir, selon une acception générale de ce terme qui va bien au-delà de la seule activité des hommes politiques, et qui consiste en une capacité à “donner suite” selon une tentative de dépassement de ce qui est déjà, autrement dit de “l’actuel”.

Comprenons alors que “pouvoir” consiste en ce sens, à être capable d’un “au-delà” de l’actuel, selon une détermination à “l’avenir”, et particulièrement d’un au-delà de soi-même.

Observons et retenons bien que cette notion de “pouvoir” est strictement corrélative à la notion du “temps”, dont nous demeurons généralement totalement inconscients, d’en être des acteurs, et par le fait, souvent maladroits. Ceci, selon l’ensemble de nos actes, et dans ce que nous désignons pourtant bien comme étant d’une façon générale, “l’actualité”.

Dire en effet, “je peux”, en se reconnaissant ainsi du “pouvoir”, c’est proclamer qu’on est capable par ses actes, d’impliquer ce qui selon son choix, doit être “après”, c’est à dire d’impliquer un fait “à venir”, autrement dit “d’ob-liger”. Ceci, selon la signification fondamentale de ce terme qui évoque le fait de “lier” (liger), “par devant” (ob), autrement dit, vers “l’avenir”, selon l’entendement habituel par lequel nous situons l’avenir devant nous, le tout donnant au terme “obliger”, la signification de “contraindre à venir”.

Tout ceci, en participant de la sorte par certains aspects occasionnels de la réalité formelle des choses, dont nous provoquons le fait, autrement dit, que nous faisons “advenir”, à la réalisation du temps.

C’est en ce sens que nous parlons de “puissance”, concernant l’individu en capacité de “procréer”, c’est à dire d’impliquer cet au-delà de lui-même que constitue sa descendance. Ceci, selon un acte qu’il convient précisément de dire “adultère”, selon le sens fondamental de la locution latine, “ad ultera”, signifiant “vers l’au-delà”, et qui désigne la démarche de ceux qui par l’acte sexuel, impliquent un au-delà d’eux mêmes. Dans cette compréhension des choses, “l’adulte” est l’individu en âge de procréer.

C’est donc parce que le pouvoir, autrement dit la capacité à obliger les choses, est au départ indissociable de la capacité à procréer, l’une et l’autre de ces capacités, étant établies selon un même “tropisme”, que les femmes y jouent un rôle essentiel.

Il s’agit alors en ce tropisme, de celui qui “sous-tend nos êtres”, en nous déterminant à l’avenir, autrement dit, à un au-delà de nous-mêmes, et c’est parce qu’il agit dans le sens du dépassement de soi, que ce même tropisme se trouve être celui qui sous-tend l’activité de tous les génies et de tous les créateurs, tels qu’ils se montrent capables des idées novatrices qui permettent qu’il advienne autre que ce qui est.

Ainsi, s’il est connu depuis la lointaine antiquité que les hommes de pouvoir sont des grands consommateurs de femmes, et les exemples qui, en regard de la modération qu’impose la morale en ce domaine, étant plus scandaleux les uns que les autres, ne manquent pas de remplir toutes les époques de nos livres d’Histoire, il est remarquable que le même appétit, est celui de tous les hommes d’exception. Il en est ainsi des peintres, des sculpteurs, des musiciens, des écrivains, des philosophes, des scientifiques, des acteurs, des chanteurs, des grands sportifs, et même des grands humanistes, dont les vies dissolues dues à la force irrésistible que les séductrices, qu’elles l’aient été consciemment ou non, ont exercé sur eux, aura été le tribut à payer pour la force qui leur a valu leur talent et leur génie.

Ceci fait que dans l’ombre des hommes d’exception, qui ont conservé leur attirance naturelle préférentielle pour les femmes, se trouve au moins une “maitresse” femme. Ceci correspond au fait que les hommes d’exception, qui n’ont rien décidé et strictement rien fait sur eux-mêmes pour l’être, sont tout simplement ceux que par une constitution qu’ils ne doivent qu’à leurs parents, et aux hasards de la combinaison de leur génome, sont rendus les plus perméables au tropisme qui les détermine à “l’au-delà”, et sous l’exercice duquel ils tentent alors l’exploit, qui notons le bien, est logique d’une “course à la mort”...

C’est pourquoi il est absolument ridicule de souhaiter qu’il y ait davantage de ces hommes et qu’ils cessent ainsi d’être l’exception, car nous sommes là dans les franges ambigües où le génie et la folie ne se trouvent discernés, que par la positivité ou la nocivité que constituent pour les autres, les produits de leurs expressions.

En clair, si de tels hommes étaient plus nombreux, notre monde deviendrait vite invivable. Bravo donc au génie pour certaines de ses œuvres, mais vive la simple normalité.

Toute la subtilité maintenant dans cette affaire, réside dans le fait que ce fameux “tropisme”, ou si l’on préfère, cette “attraction”, qui détermine les hommes à “l’au-delà”, qui sous-tend leur quête d’argent et de pouvoir, qui sous-tend leurs exploits, alimente leur génie, crée leur appétit des femmes, lequel peut devenir insatiable pour ceux d’exception, mais qui les condamne fatalement à se rendre en cet au-delà, c’est à dire à la mort, résulte finalement et tout simplement, d’un exercice sur eux, opéré selon plusieurs “stimuli” visuels, auditifs, olfactifs, ou tactiles, plus ou moins “sournois”, justement “par les femmes”.

Ainsi en est-il de “l’érection” de l’homme, laquelle se manifeste tout d’abord par sa “station debout”, qui est la disposition de l’homme dans sa quête d’excellence, et qui se manifeste également dans la disposition de son sexe à procréer, qui est la disposition de l’homme dans sa tentative d’au-delà de lui, ni l’une ni l’autre de ces deux attitudes, qui sont des manifestations de sa puissance, ne seraient sans l’attraction exercée sur lui par la femme, qui crée son désir d’au-delà.

Ceci signifie que s’il n’était les femmes, qui constituent les véritables instruments de l’exercice “secret” du pouvoir, les hommes n’étant que les instruments de la manifestation objective de ce pouvoir, celui-ci n’existerait pas, et rien de notre humanité ne serait.

Comprenons alors qu’il ne s’agit en rien d’autre en ce “tropisme”, en cette attraction exercée par la femme sur l’homme, qui le détermine à vivre, à exercer, à créer, à découvrir, à exceller et à tenter l’exploit, mais qui selon cette poursuite de “vivre”, le condamne à la mort, que de ce qui se trouve décrit dans les écritures, comme étant la “tentation”.

C’est cette notion de tentation, qui a fait qu’à travers une femme dite la “première” d’entre elles, la célèbre “Eve”, selon une métaphore pour désigner en réalité ce qui constitue ce qui est “premier” à la femme, c’est à dire son “principe”, l’exercice de la séduction afin à la fois, de la création, et de la procréation, par l’homme, les femmes furent victimes de cette accusation millénaire, d’être à l’origine de la soumissions de l’homme, à la contrainte, laquelle est logique de ce qui “l’oblige”, et de sa mortalité...

Bien sûr, il faudrait développer beaucoup plus, mais cela prendrait des pages...

Une prochaine fois peut-être, mais en attendant, ce qu’il convient de bien retenir de tout cela, c’est que les hommes n’ont d’occasion d’exceller, que lorsqu’ils se trouvent soumis à une forte séduction qu’exerce sur eux les femmes, d’où toutes ces histoires où se mêlent sans cesse, la politique, l’argent, le pouvoir, et les femmes...


Paris, le 14 juin 2012
Richard Pulvar