dimanche 28 avril 2013

ACTE SEXUEL, ACTE SACRIFICIEL

   
      

D’où vient-il que les religieux, depuis les temps les plus anciens et à travers leurs différentes doctrines, ont été et demeurent à ce point préoccupés, pour ne pas dire carrément obsédés, par la volonté de nous encadrer dans notre comportement sexuel, et d’y fixer des interdits ?

C’est fondamentalement, parce que dans la période où la femme est féconde, il s’agit en cet acte sexuel entre un homme et une femme qui, hors de cette période demeurerait sans conséquence, d’un “acte sacrificiel” qui en ce sens, s’apparente à un acte “religieux”.

C’est corrélativement à ce caractère sacrificiel, même si ceci ne suffit évidemment pas, compte tenu de la complexité de cette question, à totalement expliquer ces comportements, qu’il existe peu ou prou dans la démarche sexuelle de l’homme, quelque chose qui relève fatalement, même s’il en met des formes, de “l’agression”, pouvant aller jusqu’à du sadisme dans son expression extrême, et dans la démarche sexuelle de la femme, quelque chose qui relève de la “passion”, pouvant aller jusqu’à du masochisme, dans son expression extrême.

Bien sûr, il y a bien longtemps que la connaissance de cette disposition des choses présidant à notre comportement, s’est perdue dans la nuit des temps, et les hommes de notre époque sont dans le cas habituel, bien éloignés de soupçonner cette secrète fonctionnalité. Mais tel n’était pas le cas des anciens qui savaient très bien ce dont il s’agissait. C’est ainsi que conscient du caractère sacrificiel de l’acte sexuel, ils ont toujours identifié le sexe en érection de l’homme, à un poignard, et corrélativement, le sexe de la femme à une blessure, métaphore dont le sens se trouvait bien sûr accentué, durant la période des règles de celle-ci...

Chez les Romains, le poignard ou le coutelas se disait “machaera”, avec la notation “ch”, pour le son “ke”. Partant de là, le fait d’abattre des animaux avec un poignard se dira par la suite en bas latin “machere”, terme d’où vient notre mot “tauromachie”, pour désigner le fait d’abattre un taureau. Ceci, en remplacement du terme “taurobole” désignant le sacrifice d’un taureau à Cybèle, la “mère des dieux”, tel qu’il se faisait à Rome. Ce rite était issu d’une tradition égyptienne plus ancienne, celle qui consistait à sacrifier un taureau, animal puissant mais qui ne se nourrissant que d’herbe, représentait les forces de la terre ( ta-urus ) dont il se remplissait ainsi, ce qui lui valait d’être sacrifié. Car, ces forces de la “terre” étaient alors réputées de mauvais usage, comme étant celles précisément de la “terreur”, et c’est de ce rite que découle la pratique devenue désormais païenne, de la tauromachie.

Cependant, le sexe de l’homme en érection se disait aussi “machaera”, en étant ainsi directement identifié à un poignard sacrificiel, et le coutumier du sexe en érection était alors dit, “machaero”, terme qui nous parviendra par l’argot en “maquereau”, ce qui n’a bien sûr rien à voir avec le malheureux poisson. Ce même mot donnera en espagnol le mot “machero”, avec une prononciation de la notation “ch”, comme étant “tch” pour nous, qui par son voyage dans les Amérique sera abrégé en “macho”. Notons à cette occasion qu’à l’origine, maquereau et macho, désignent un même personnage.

Plus tard, dans les temps moyenâgeux, les brigands de grands chemin utilisaient un  petit glaive pour menacer du pire les voyageurs qu’ils s’employaient alors à détrousser, en “braquant” ce glaive, autrement dit en le “pointant”, sur leur poitrine. C’est de là que vient l’expression moderne “braquage”, pour désigner une attaque à main armée.

Ce glaive qui servait à ces brigands pour “braquer” les braves gens, était alors appelé un “braquemart”, et de la même façon, il fut identifié au sexe en érection, d’où le fait que par  l’argot ce dernier porte le même nom, et que toujours par l’argot, on désigne par “pointeur”, l’auteur d’un viol.

Ainsi, ce rapport de l’acte sexuel à la “violence” d’un acte sacrificiel, fut donc connu et compris pendant longtemps avant de tomber dans l’oubli. Et, si aujourd’hui des religieux, tels que ceux du Vatican, tentent d’établir une “convenance” morale de nos comportements sexuels impliquant nombre d’interdits, c’est parce qu’ils procèdent pour établir ce convenable, tout simplement par des exégèses à partir des enseignements écrits d’une doctrine ancienne. Mais, alors même que sur bien des sujets tels que la contraception ou l’avortement, ils ont parfaitement raison dans leurs prises de position, ils demeurent totalement dans l’incapacité d’en établir le bien fondé en fournissant aux fidèles, les justifications rationnelles qu’exige notre époque, quant à ces recommandations. Ceci leur vaut alors de se faire sérieusement chahuter, décrier, et même mépriser, par tous ceux qui n’ont pas les “entrées”, autrement dit, qui n’ont pas été “initiés”, pour s’en aller chercher la vérité, et pour pouvoir constater ainsi que mine de rien, même s’ils ne sont pas capables de clairement se justifier autrement que par ce qui prend alors la forme d’un radotage des commandements de leur doctrine, ces prélats n’en sont pas moins parfaitement dans le vrai.

Pour comprendre maintenant ce dont il s’agit exactement en ce rapport de l’acte sexuel au “sacrifice”, il nous faut faire appel à la “cosmologie”, c’est-à-dire à cette science de ce qui constitue un “ordre universel des choses”, que les Grecs désignaient par le terme “cosmos”, en opposition au terme “chaos” par lequel ils désignaient inversement, le désordre. Nous utilisons aujourd’hui ce terme cosmos pour désigner surtout “l’ordre des objets célestes”, mais comprenons que celui-ci ne constitue en fait qu’un aspect particulier de l’ordre universel, même si bien sûr, il s’agit du plus évident et du plus spectaculaire.

Dans cette démarche, il convient alors de prendre les lignes qui suivent, avec patience bien sûr, puisqu’il faut bien passer par là pour parvenir une explication quant à un phénomène qui ne possède pas directement d’évidence, mais dans la toute simplicité de ce qu’elles disent, et ne surtout pas leur chercher des significations compliquées, au delà de notre entendement habituel.

Donc, pour comprendre en quoi l’acte sexuel constitue-t-il bien un acte sacrificiel, considérons tout d’abord que dans ce qui constitue sa “réalité”, l’étendue de “l’existence” n’est telle, c’est-à dire une réalité, que parce qu’elle se trouve “déterminée”. Ceci, étant bien entendu que “l’indéterminé”, autrement dit ce dont rien ne se trouverait “défini”, selon des valeurs de grandeurs ou des caractères, ne pourrait justement pas constituer comme tel, une réalité, ni pour rien d’autre, ni pour personne.

Or, la “détermination” d’un fait consiste en son établissement entre “deux limites”, lesquelles ont une valeur à la fois spatiale et temporelle, et qui ne sont en fait rien d’autre que ce que nous constatons comme étant son “début” et sa “fin”, et ce, tant dans le temps que dans l’espace. Dans leur acception temporelle alors, ces “limites”, début et fin, constituent bien des “termes”, d’où le mot “dé-termination”, pour désigner le fait de leur établissement entre deux de celles-ci.

Tout ceci signifie qu’il ne peut y avoir comme étant déterminé, donc comme étant établi en une réalité, que ce qui d’une façon ou d’une autre, se trouve “limité”, ce qui revient à dire que dans sa réalité, il n’y a et il ne peut y avoir, qu’une étendue “limitée” de l’existence.

Retenons donc bien que, tous les cas d’existence sont forcément limités, tant dans l’espace que dans le temps, et que l’étendue de l’ensemble de tous les faits d’existence, dans la mesure où elle constitue une réalité, est elle aussi, limitée.

Cependant, cette étendue limitée de la réalité de l’existence, ne peut être déterminée selon une procédure justement limitative, qu’à partir d’une étendue supérieure qui la “peut”, et qui en l’occurrence est quant à elle sans limite. Car il s’agit cette fois en cette étendue, non pas de celle de la “réalité” de l’existence, mais de celle de sa “potentialité”. Ceci, étant bien entendu qu’avant même qu’une réalité ne “soit”, il convient déjà qu’elle soit “possible”, autrement dit “potentielle”, et qu’il ne peut donc se constituer la réalité d’un fait, qu’à partir d’une potentialité préalable de celui-ci.

Ainsi, cette “potentialité” de l’existence qui “précède” nécessairement une “réalité” limitée de celle-ci, qui en ce sens “procède” d’elle, est quant à elle logiquement “sans limite”. Car, la limite nécessaire à une réalité constitue en ce sens une “condition” au fait de celle-ci. Or, comprenons bien il n’y a lieu d’y avoir de condition, que pour qu’une chose “soit”, mais qu’il n’y a pas lieu d’y avoir de condition, pour ce qui n’est pas, puisque justement il n’est pas, ce qui serait une condition pour rien.
 
En fait, s’il ne peut pas y avoir de condition à l’établissement d’une potentialité, c’est parce que celle-ci constitue déjà la condition d’une réalité, et qu’il n’y a pas lieu d’y avoir une condition de la condition, ce qui n’aurait aucun sens.

Aucune condition limitative ne s’appliquant à l’étendue de la potentialité, ceci signifie bien que celle-ci est sans limite, ce qui revient à dire que “tout se peut”, et “tout le temps”.

Cependant, la réalisation de l’existence selon une étendue limitée, s’opérant à partir d’une potentialité sans limite de celle-ci, implique alors que si “tout se peut et tout le temps”, pour autant, tout ne peut pas “être” en “même temps”, l’étendue de l’existence étant limitée.

Nous apercevons ainsi que ce phénomène dont la résolution nous est si difficile, et que nous appelons le “temps”, n’est finalement rien d’autre que la procédure de détermination “conditionnelle”, et par cela “limitative”, selon laquelle l’étendue limitée de la réalité de l’existence, s’établit à partir de la potentialité sans limite de celle-ci.

Soyons alors bien attentifs ici au fait que ceci signifie clairement, qu’il ne peut se produire “l’apparition” d’une chose nouvelle dans l’étendue limitée et évidemment pleine de l’existence, qu’à la condition qu’en quelque sorte une “place ” soit faite à cette nouvelle chose, par la “disparition” d’une chose déjà existante.

Ainsi, les choses de notre univers ayant fatalement toutes vocation à disparaitre, leur disparition permet l’apparition d’autres choses qui à leur tour disparaitront, pour permettre l’apparition d’autres choses encore, et ainsi de suite tout au long du développement sans fin, du temps.

Cependant, les hommes soucieux de parvenir autant que possible à une maitrise de leur “destinée”, autrement dit à une maitrise du temps, pour faire en sorte qu’il ne leur advienne selon ce temps que pour le mieux, ont eu très tôt l’idée de “forcer” en quelque sorte l’apparition d’une chose souhaitée, en provoquant avant sa fin naturelle, la disparition d’une chose déjà existante et censée favoriser par sa disparition, l’émergence de la chose souhaitée.

Telle était donc la fonctionnalité du “sacrifice”, autrement dit de la “mise au secret”, hors du domaine des réalités, d’une chose, par un retour de cette chose, de l’état de sa réalité “concrète”, c’est à dire constituée comme un “entier”, à celui de sa potentialité “discrète”, c’est-à-dire réduite en sa “disparité”, telle qu’elle est précisément dite “disparue”. Et ceci, pour permettre l’émergence volontaire, et non aléatoire, d’une chose jugée nécessaire.

Comprenons alors maintenant, que s’il est possible par le sacrifice, de provoquer indirectement l’apparition d’une chose, en provoquant volontairement la disparition d’une autre, compte tenu de la parfaite “réversibilité” du sens de la dualité “ potentialité/réalité”, ceci signifie que symétriquement, en provoquant volontairement l’apparition d’une chose, et tel est bien l’objet de l’acte sexuel dans sa fonction procréatrice, on provoque indirectement la disparition d’une autre chose, et cette mise au secret, est strictement cohérente au “sacrifice”.

Ainsi l’acte sexuel constitue-t-il bel et bien lorsqu’il est l’occasion d’une procréation, un “acte sacrificiel”, qui provoque fatalement la disparition d’une chose, laquelle peut-être sait-on jamais, la disparition d’un être et heureusement pour nous, nous demeurons totalement dans l’ignorance des ses conséquences en “second objet”, ce qui autrement nous poserait d’énormes problèmes de conscience.

Cependant, nous pouvons déjà comprendre dès maintenant, que lorsque les prélats du Vatican condamnent fermement l’avortement, c’est parce qu’il savent bien, même si leur connaissance de ce fait ne suit pas le chemin que nous venons d’emprunter, que cet acte qui ne constitue finalement rien d’autre qu’un “sacrifice”, possède des conséquences quant à ce qu’il nous advient, qui sont absolument dramatiques, mais au sujet desquelles je n’ouvrirai pas le débat ici, pour ne pas avoir à faire à d’inévitables et furieuses contestations...!

Après tout hein...!


                             Paris, le 26 avril 2013
                


             

    

                Richard Pulvar

“ KA ”, OU, QUAND UN CONCEPT DU PASSE, EXPLIQUE LA REALITE DU PRESENT

                                                 

Il est représenté par une paire de bras levés vers le ciel. Il apparait dès les origines de l’écriture égyptienne, et le seul fait d’un concept aussi hautement sophistiqué que celui de ce “Ka”, dès ces époques reculées, et dont on voit bien comme pour les autres glyphes, l’évolution du graphisme, mais pas celle de la signification, suffit à prouver qu’il y a eu une antériorité à l’Egypte ancienne. Car, à moins de la révélation soudaine d’un tel principe par un illustre législateur inconnu, inspiré par le ciel, pour que cette civilisation ait pu disposer d’une telle explication des choses dès ses premiers piétinements, c’est qu’il y en a forcément eu une autre qui l’a précédée, qu’il nous reste alors à découvrir, qui a eu quant à elle le temps d’aller aussi loin que cela, et dont cette Egypte a hérité.

Il serait intéressant pour eux et pour tout le continent, que des Africains décident de se vouer à cette noble tâche, d’aller remuer de fond en comble les immensités du grand désert, qui était une région fertile avant que le régime des moussons qui l’arrosait ne disparaisse, pour des raisons qui sont justement liées à ce Ka. Car, c’est probablement dans ces endroits, sous quelque immense dune silencieuse et secrète, que se trouvent enfouis les fabuleux vestiges d’une brillante civilisation passée.

En quoi cette affaire de Ka nous concerne-t-elle ?

C’est parce que depuis quelques années déjà, sous l’influence d’un parti politique très activiste qui était alors réputé extrémiste, mais auquel pour des raisons de calcul électoral, les autres ont promptement emboité le pas, la société française s’est abandonnée à une idéologie du refus aveugle et systématique de “l’altérité” et de la “diversité”, alors même que celles-ci étaient rendues encore plus nécessaires, par l’ouverture au monde qu’impliquait la poursuite historique de l’aventure humaine, vers la voie de l’universalité.

Bien sûr, l’altérité et la diversité se sont imposées malgré tout à cette société, mais d’une façon très insuffisante, et dans les pires conditions, puisqu’elles ne furent pas désirées. Or, en ayant à ce point “contrarié” la détermination logique de cette société à “devenir” autre, afin paradoxalement de pouvoir “demeurer”, laquelle détermination se trouve induite en cette collectivité par un phénomène, le Ka, généralement ignoré, ce refus irresponsable aura eu des conséquences dramatiques et vertigineuses, et malheureusement sans jamais que ce qui en constitue la véritable cause ne soit jamais soupçonné. Ceci, quant à la bonne santé de “l’être” que constitue, et on l’oublie trop souvent, une société en tant que personne morale.

L’ironie du destin c’est que si nous voulons comprendre maintenant, par delà les apparences de leurs développements occasionnels tels que ceux-ci meublent l’actualité, les raisons profondes des incertitudes angoissantes qui pèsent aujourd’hui sur notre avenir, il nous faut revenir à des considérations millénaires, liées au concept du Ka.

Que voulaient donc signifier par ce glyphe, les anciens Egyptiens ?

Pour les égyptologues, il s’agirait de ce qu’ils nomment le “double métaphysique”, c’est-à-dire quelque chose qu’il nous faudrait comprendre en quelque sorte, comme étant “l’âme” de l’individu. Il est remarquable qu’ils ne se mouillent pas trop avec cette explication.  Car, à partir de la compréhension intuitive que nous avons de ce qu’est une âme, que certains situent au sein même de l’individu de son vivant, et dont il est clair que nous ne saurions a priori rien en dire d’autre que le fait qu’il s’agit de la “métaphysique” qui sous-tend l’être de cet individu, ceci leur épargne d’avoir à en dire beaucoup plus...

En réalité il s’agit en ce Ka, d’un tropisme, et plus précisément du “tropisme céleste”, ce que les naturalistes d’aujourd’hui appellent improprement le “géotropisme négatif”, parce qu’il exerce en opposition du “géotropisme” qui est responsable entre autres, de la pousse vers le bas des racines des plantes. Les naturalistes désignent en effet par “tropisme”, l’exercice qui préside à l’orientation et à la croissance du vivant, et qui est en fait une “attraction”. Or, comme telle, celle-ci est forcément directionnelle, sa direction étant déterminée de l’objet sur lequel elle se trouve exercée, vers l’objet qui l’exerce. Partant de là, s’il se pouvait négatif, un tropisme ne serait pas une attraction, mais une “répulsion”, qui ne peut pas être directionnelle puisqu’elle s’exerce de l’objet qui l’exerce, vers tout autre que ce soit, et où qu’il soit.

Il est facile de comprendre que les naturalistes qui se veulent hommes de science, répugnent à utiliser, compte tenu de la charge sémantique logiquement ésotérique de celle-ci, l’appellation “tropisme céleste”. Mais, en tout état de cause, le concept d’un tropisme négatif constitue un non sens, et il ne peut s’agir en un tropisme de sens opposé au géotropisme, donc au tropisme terrestre, que d’un tropisme céleste, et c’est bien ainsi que nous le désignerons ici.

L’autre raison de ne pas accepter l’appellation géotropisme négatif, c’est qu’elle laisse croire que son opposition au géotropisme est une simple opposition de sens. Cependant, ce dernier possède en réalité une finalité centripète, puisqu’il est dirigé vers le centre de la Terre, de sorte que selon la pluralité des objets qui lui sont soumis tout autour de cette Terre, il confine à provoquer un effet de rassemblement et de “concentration” curieusement “isotrope”, c'est-à-dire allant vers, ou provenant de, toutes les directions.

Ce à quoi il nous faut être attentif ici, c’est que ce que nous identifions comme étant le “géotropisme”, selon la pousse vers le bas des racines d’une plante par exemple, n’est en fin de compte que la manifestation sur le vivant, d’une détermination que nous connaissons par ailleurs comme étant tout simplement la “gravitation”. Or, celle-ci correspond à la tendance centripète selon laquelle d’une façon générale, une pluralité de parties se trouve constituée en la singularité d’un tout, autrement d’un “entier“, comme en n’en formant plus que “une”.

Ainsi, par delà ses manifestations partielles et occasionnelles comme sur notre Terre, la croissance des plantes vers le bas, il s’agit finalement en ce que nous disons géotropisme, de la tendance fondamentale selon laquelle se constituent des entiers dans notre univers, que nous pourrions désigner pour son implication centripète et cumulative comme étant le “gain”, ou à la façon des anciens, “Ga”, ou “Gé”, ainsi que les Grecs désignaient notre Terre.

La singularité de l’entier constitue donc la finalité du géotropisme qui n’est en réalité rien d’autre que le “fait de terre” des “écritures”, lesquelles nous enseignent bien que Adam fut “fait de terre”, pour nous signifier que celui-ci fut fait comme une entier indivis, autrement dit, comme un “individu”.

Dès lors, l’opposition de la tendance à la “singularité” et à “l’entier” que constitue le géotropisme, est une tendance à la “pluralité” et à la “disparité”, que la qualité “négatif”, attribué à celui-ci ne suffit pas à traduire, d’où l’intérêt de parler clairement concernant le Ka, de “tropisme céleste”. Et ceci, d’autant que c’est justement selon lui que fut nommé comme étant le “lieu de la disparité”, selon la forme “ka-el (caelus)”, ce que nous nommons le “ciel”.

C’est bien ce Ka qui, parce qu’il nous détermine à “l’au-delà”, selon une acception de ce terme qu’il nous faudra alors expliciter, donne le “sens” absolument nécessaire à nos êtres, c’est-à-dire celui du “temps”, dont nous sommes a priori loin d’imaginer qu’il doit leur être signifié. C’est donc lui qui sous-tend le fait des êtres et dans cette compréhension des choses, en faire comme les égyptologues, ce qui les anime, c’est à dire leur âme, n’est pas incohérent.

Cependant, cette définition du Ka est bien trop réductrice car celui-ci possède des implications, physiques, culturelles, sociologiques et métaphysiques, absolument stupéfiantes de modernité, puisqu’elles font écho à des concepts scientifiques de notre époque, dont nous peinons à imaginer a priori, comment ils ont pu faire l’objet d’une préoccupation des anciens, et c’est à lui que nous devons entre autres, notre station debout, notre langage articulé, notre sens humain de la normalité, notre investigation...

En fait, le Ka est cet exercice par lequel “l’au-delà” nous détermine à lui, selon une procédure de “religion”, dans une acception de ce terme bien éloignée de l’habituelle, et qu’il nous faut là aussi expliciter. C’est lui qui fait que par une contradiction de notre “animalité”, se réalise notre “humanité”. Et, n’en déplaise à tous ceux qui ne veulent voir en “l’humain” qu’un animal parmi les autres, la spécificité de celui-ci c’est qu’il est le siège de “scrupules”, quant à un ordre préférentiel des choses, ce qui n’est en aucune façon la préoccupation de l’animal, et qu’il devient par cela le producteur d’un ordre contraire à l’ordre “naturel” des choses, qui est un ordre “culturel” de celles-ci.

Disons finalement que le Ka est ce qui, à partir des simples animaux que nous étions, à fait de nous des humains, c’est à dire des êtres bipèdes, animés d’une culture, et soumis à des obligations morales. Nous sommes là bien éloignés des schémas darwiniens qui voudraient que nous ne soyons que les résultats d’une interaction avec notre environnement, même si toutes les apparences vont dans ce sens.

Bien sûr il faudrait des pages et des pages pour pouvoir correctement justifier et expliciter dans tous ses aspects et dans toutes ses implications, ce qu’est le Ka. Mais, quant à ce qui nous concerne plus particulièrement ici, ce qu’il nous importe c’est de comprendre et de retenir que c’est selon lui que se trouve établie la détermination “culturelle” spécifique de l’humain, et par-là, sa “socialisation” et la bonne tenue de sa “société”. Ceci, selon une détermination qui donne un “sens” à cette société et à ses individus au sein de celle-ci. Or, la forte contestation d’une des finalités de cette détermination qui est “l’altérité”, et qui a impliqué la contestation involontaire mais corrélative d’une autre, à savoir la “pluralité”, aura provoqué mais sans alerte, une perte dévastatrice du sens dans cette société, et d’une façon totalement insoupçonnée, une perte de la “cohésion” entre les différents membres de celle-ci.

Il est remarquable en effet, que c’est bien suite à la montée d’un sentiment xénophobe, ayant conduit à l’instauration dans ce pays d’un véritable “racisme d’état”, lequel s’est donné pour titre la “lutte contre l’immigration”, qu’on va voir apparaitre la “dénatalité”, qui est un refus de la pluralité logique de celui de l’altérité, qui constituent des aspects solidaires du Ka.

Moins évident, mais tout aussi réel, le fait que cette xénophobie va “mécaniquement” s’accompagner d’une défaite culturelle, qui rendra ce pays de moins en moins capable de régler ses difficultés sociales et économiques, et qui pire que tout, va provoquer la mésentente graduelle entre citoyens, dans toutes les strates et les institutions de cette société.

Il est remarquable à ce sujet que dans la représentation graphique égyptienne du Ka, les bras levés vers le ciel signalent bien le fait d’une tendance vers celui-ci, et confirment qu’il s’agit bien d’un tropisme céleste, mais ces bras sont à la fois semblables, et dissemblables puisque symétriques, et ils sont directement liés l’un à l’autre pour signifier leur solidarité fonctionnelle. Ce que les Egyptiens nous montrent ainsi, c’est que ce n’est paradoxalement  qu’à condition d’une “différence” minimale entre les êtres, qu’il peut y avoir “ressemblance” de ceux-ci, c’est à dire une capacité à ce qu’ils puissent être “rassemblés”.

Ainsi selon le Ka, et contrairement à ce que proclament les xénophobes à partir d’une notion erronée de ce en quoi consiste l’identité, différence et ressemblance “vont de paire”.

Tout ceci revient à dire que c’est à la faveur de leur “diversité” tout autant qu’à la faveur de leur “identité”, qu’il est possible aux membres d’une collectivité d’être positivement “rassemblés” et solidarisés en celle-ci, car ce rassemblement nécessite qu’il y ait un degré suffisant de “complémentarité” entre eux, par ce que possèdent les uns et que ne possèdent pas les autres.

D’autre part, ainsi que le signifiait déjà en son temps le sage égyptien, il s’avère que :

“ Rien n’agit qui ne soit composé...”

Et c’est bien la capacité “dynamique”, autrement dit “bi-nominale”, du rapport entre deux contraires, tel que le haut et le bas d’une installation hydraulique, le chaud et le froid d’une installation thermique, le plus et le moins d’une installation électrique, qu’évoque aussi directement le glyphe du Ka, avec ses deux bras contraires vigoureux, solidarisés selon une dynamique établie entre eux.

Or, il se trouve qu’une société isolée ou fermée, tend à se réaliser naturellement selon une “uniformité” stérilisante, et il est manifeste que les sociétés les plus archaïques qui existent encore de nos jours, sont celles qui ont le moins subi “d’altération”, certains diront “d’aliénation”, par le fait des autres.

C’est contre ce repli sur soi, si cher aux “identitaires”, mais si désastreux quant au devenir d’un peuple, qu’a lutté en son temps avec succès, l’empereur Mutsu-Hito du Japon, qui à partir de 1868, va ouvrir ce pays au monde occidental en inaugurant l’ère dite “Meiji”, c’est-à-dire celle du “gouvernement éclairé”, en refusant très habilement ses missionnaires, mais en faisant largement appel à ses ingénieurs et ses gestionnaires, pour moderniser le pays. Cette profonde “altération” aura pour effet de faire passer le Japon en moins d’un siècle, d’une société qui était encore à l’ère féodale, à une société située la pointe de la modernité.

C’est selon cette même nécessité de s’ouvrir aux autres, afin de “s’altérer” selon eux, autrement dit de devenir enfin autre chose grâce à eux, et de se “dynamiser” à leur contact,  qui va conduire aux politiques d’ouverture menée en Chine par Deng Xiaoping, et en Russie par Mikhaïl Gorbatchev, ces deux nations étant aujourd’hui parmi les plus dynamiques.

Mais c’est totalement à contre courant de cette quête d’altérité, que la France et avec elle une grande partie des nations européennes, vont s’employer à bétonner leurs frontières pour que des immigrés ne s’en viennent pas apporter chez elles, toute la “misère du monde” que, selon l’état d’esprit xénophobe qui s’est emparé de tout ce continent, ils sont censés, non pas abandonner dans leur pays d’origine, mais trainer fatalement avec eux jusqu’ici, comme si cette misère leur étant liée d’une façon génétique.

Or, c’est cette Europe xénophobe et pour ce qui nous concerne, la France, qui se trouve aujourd’hui naufragée, et bien peu parmi les citoyens de ce pays sont à l’heure de prendre conscience, que c’est bien cette xénophobie à laquelle ils se sont adonnés avec tant de délectation durant tant d’années, qu’ils paient aujourd’hui à un prix absolument exorbitant.

Car, alors qu’un discours archaïque sur l’identité nationale, l’exhortait à se maintenir coûte que coute à ce qu’il était déjà, voire à ce qu’il était auparavant, et donc à ne plus rien devenir d’autre, ce refus de tout ce qui lui était autre n’a pas permis à ce pays de devenir à temps, positivement autre chose, pour pouvoir affronter les défis nouveaux de notre temps. De plus, par un phénomène insoupçonné, ceci a gravement porté atteinte à sa natalité, le condamnant à devenir depuis un pays de plus en plus vieillissant.

Bien sûr, il lui aurait fallu des dirigeants particulièrement talentueux, pour que ce pays puisse réussir l’intégration de migrants dont le standard de vie se trouvait si éloigné du nôtre, mais il s’agissait là d’une entreprise tout à fait à la portée d’une grande nation, pour peu qu’elle l’aurait souhaité, ce qui pour sa plus grande difficulté d’aujourd’hui, ne fut pas le cas.

Le plus grotesque de tout cela, c’est que c’est avec l’argument du chômage qu’on va s’appliquer à justifier la fermeture des frontières, alors que c’est précisément à cause de cette fermeture intervenue en 1974, suite au premier choc pétrolier, en prévision d’une récession qui s’annonçait, que le chômage va s’établir d’une façon croissante et définitive dans ce pays. Ceci, parce que des pans entiers de l’activité économique, lesquels soutenant les autres, ne pouvaient se faire et ne se faisaient jusqu’alors, qu’avec de la main d’œuvre immigrée. Ces activités ont finalement tout simplement cessé pour la plupart d’entre elles, certaines ayant été délocalisées pour retrouver ailleurs la main d’œuvre bon marché qu’elle ne trouvaient plus ici.

En plus d’avoir provoqué une désolante désindustrialisation du pays, par la rupture de la continuité et de la diversité du tissus industriel, ces baisses d’activité par manque de main d’œuvre bon marché, mais dont on n’a pas reconnu la cause pour ne pas ouvrir les frontières, ont initié le cercle vicieux par lequel une baisse d’activité dans un secteur, provoque celle des autres secteurs et ainsi de suite, jusqu’à cette situation déplorable qui est aujourd’hui la nôtre.

D’autre part, cette fermeture des frontières ne permettant plus comme par le passé, l’approvisionnement immédiat et gratuit d’hommes jeunes venus d’ailleurs et déjà prêts pour le travail, va provoquer l’incohérence démographique de ce pays devenu désormais un pays de vieillards, dans lequel le rapport du poids de la population dite justement “à charge”, est devenu écrasant sur les épaules de la population dite “active”. Ceci entraine une charge irréductible qui vient alourdir le coût du travail, ce qui ne permet pas aux entrepreneurs qui emploient de la main d’œuvre, d’atteindre les niveaux de productivité qu’impose aujourd’hui la concurrence internationale.

En fait, dès le départ, ce pays n’avait aucune chance de s’en sortir frontières fermées, tout simplement parce qu’il ne se peut nulle part dans notre univers un quelconque “être”, serait-ce celui d’un état, sans la nécessité pour lui d’un “autre”, et il est manifeste qu’il ne s’en est pas sorti, et qu’il ne semble pas prêt de s’en sortir...
Il est plus que temps aujourd’hui qu’advienne enfin un “gouvernement éclairé”, pour nous sortir de cette xénophobie suicidaire, en comprenant que ce ne sont rien de moins que les lois qui régissent notre univers, qui font que la voie actuellement poursuivie est sans issue...

Comprendre maintenant le rapport du Ka à cette “altérité” dont l’absolue nécessité à été ignorée par des hommes politiques mal inspirés, c’est comprendre que le géotropisme auquel il s’oppose, la tendance à l’entier, est la tendance à “être”, puisqu’il ne se peut d’être, que constitué de parties rassemblées en un entier comme si elles n’en formaient plus qu’une.

 Tel qu’il s’oppose ainsi à cette tendance à être et donc à la constance de cet être, le Ka constitue bien la tendance de cet être à devenir “autre”, c’est à dire la tendance à “l’altérité”. Ceci, selon sa manifestation vers le ciel, c’est à dire vers ce qui est “élevé”, ce qui en latin se dit “altus”.

L’altérité est une condition du devenir, et donc de l’avenir d’une nation, de sorte que celle qui se réfugie dans un repli identitaire se prive tout simplement d’en avoir.

En fait, en disant ici que le Ka nous détermine à l’au-delà selon un exercice de celui-ci sur nous, toute la subtilité de cette affaire réside dans la bonne compréhension de cette expression, “l’au-delà”, selon sa double acception spatiale et temporelle.

Dans son acception spatiale, il s’agit en l’au-delà, du lieu d’une disposition des choses, au-delà de leur constitution “sous forme” d’entier, c’est-à-dire telles qu’elles se réalisent selon leur “disparité”. Ceci par une “restitution” de leurs parties qui est symétrique à ce que fut leur “constitution” de ces parties, en “entités”, à partir de leur disparité préalable.

Ceci signifie simplement que c’est par leur constitution “sous forme”, que s’est produit “l’accès” des choses en “existence”, et c’est donc logiquement selon leur restitution au-delà de forme, donc “hors de forme”,  que se produit leur “décès” de cette existence.

Dans son acception temporelle, il s’agit cette fois en l’au-delà, de la disposition des choses situées au-delà de leur actualité présente, c’est-à-dire situées en fait, dans “l’avenir”.

Dans cette compréhension des choses, l’entier sous forme est l’état de l’être “présent”, et la disparité hors de forme est l’état de l’être “à venir”, et le Ka, cette tendance à l’altérité, à la pluralité, et à la disparité, est donc tout simplement la tendance à “l’avenir”. Il s’agit donc bien de l’exercice qui sous-tend “l’être” des individus, tout comme celui de leur collectivité, que les responsables politiques ont alors la lourde charge de maintenir “vivante”, c’est-à-dire capable de “devenir” autre, afin de se maintenir dans le temps.

Bien sûr il aurait encore tant de choses passionnantes à dire et à approfondir à ce sujet, mais cela prendrait des pages. Une prochaine fois peut-être...

Pour l’heure, ce qu’il nous faut retenir de tout cela, c’est que tels qu’ils auraient à répondre à l’énigme que leur pose le Sphinx, les hommes politique doivent se savoir et se souvenir qu’ils sont soumis au “règles du temps”, sous peine de se faire dévorer par le Sphinx. Ceci pour dire qu’une politique ne peut pas être vouée à satisfaire l’idéologie xénophobe qui s’emparerait d’une nation à un instant, car il y a une autorité bien supérieure à celle des racistes quant à la conduite des affaires, qui est celle implacable du “temps”, qui ruinera toutes les tentatives de ceux qui prétendront se jouer de son exigence d’altérité...

Il vaut mieux le comprendre, justement, à temps…


                                            Paris, le 11 avril 2013
                                                 Richard Pulvar

POURQUOI MALGRE UNE LOI LES PROCLAMANT TELS, LES COUPLES HOMOS NE SERONT JAMAIS POUR AUTANT, NI “NORMAUX”, NI “MARIES”, NI “PARENTS”

                     

L’enfer est dit-on pavé de bonnes intentions, et jamais sans doute cet adage ne se sera autant vérifié que dans cette affaire ahurissante d’une loi dite du “mariage pour tous”.

Il semble en effet que par delà l’anticléricalisme viscéral de certains, qui les amène à combattre avec rage, toutes les institutions qui constituent au travers de nos lois républicaines, l’héritage de dispositions qui furent établies de longue date selon des préceptes religieux, et tous ceux de cette gauche dite de “bobos”, dont l’inconséquence crâneuse frise la pathologie, et qui se sont convaincus que s’offrir comme posture, l’inattendu et l’iconoclaste, constitue la marque de leur supériorité conceptuelle, nombre d’autres citoyens ont été animés quant à eux, par un authentique sentiment de générosité.

Cependant, avant de se réclamer par cette formule maladroite, d’une lutte légitime afin  d’une égalité de droit entre citoyens, il aurait déjà fallu établir qu’il existait vraiment une “injustice institutionnelle”, telle qu’une interdiction qui aurait été faite à certains citoyens, de faire des enfants, autrement dit de se “marier”, et de rentrer ipso facto dans la cadre des droits et des devoirs afférents à cette situation de citoyens mariés.

Or, il n’existe pas et il n’a jamais rien existé de tel. Car, si dans bien des sociétés, les alliances entre gens de conditions, de confessions, ou de races différentes, soulevaient des oppositions, il n’a cependant jamais été fait d’interdiction de se marier à des gens d’une même appartenance, même si pour les esclaves, ce droit était soumis à l’approbation du maitre. Il ne s’agissait donc pas d’obtenir par cette démarche, un droit au mariage pour certaines catégories de gens qui en auraient été privées, puisque ceci ne s’est jamais produit nulle part.

A cet instant, et afin de ne pas patauger dans l’incohérence totale dans laquelle s’est  trouvé engagé ce débat dès ses débuts, il convient tout d’abord de rappeler ce en quoi consiste fondamentalement ce que nous désignons par le terme “mariage”, tel que cet événement à donné lieu à des rites dans toutes les sociétés depuis des lustres, et tel que l’institution républicaine, récente à l’échelle de l’histoire, n’en constitue que le cadre civil dépouillé.

En réalité, tel que cela fut évident pour les peuples durant des siècles, avant que nous n’en perdions le sens, et tel que ce terme se trouve précisément introduit par le sémantème “mar”, il s’agit fondamentalement à l’origine de ce rite, en ce “mariage”, de l’engagement à la faveur duquel par l’action d’un mâle, tel qu’il était dit “mas” dans son aspect, et “maris” dans sa fonction, une femme deviendrait “mère”. Ainsi, marier une femme, c’était la rendre mère.

C’est précisément ce rapport fondamental du mariage à la “maternité”, notion qui était déjà celle des Romains dont nous avons hérité de ces termes, qui fait que concernant les questions traitant du mariage, nous parlons effectivement d’affaires “matrimoniales”.

Il est bien évident que ce n’était pas le simple rapprochement de deux personnes dans leur intimité afin de leurs émois, qui préoccupait ainsi les hommes pour qu’ils l’aient ritualisé. Ceci, dans des sociétés où régnait souvent la polygamie, où donc notre notion moderne de couple, avec son exclusivité conjugale, n’avait aucune signification, et où la notion de famille, qui concernait à l’origine l’ensemble des personnels au service d’une maison, pour s’étendre ensuite à toute la maisonnée, n’était pas circonscrite à celle d’un couple, et était à la fois bien plus étendue et diffuse, que celle de l’actuelle famille “nucléaire”, selon sa constitution civile.

C’est donc très exactement “l’engagement” de deux personnes l’une envers l’autre, afin de faire des enfants, qui se trouvait célébré selon le rite du mariage. Car, au contraire de nos sociétés actuelles où tout est fait pour ne pas en avoir, rien n’avait alors plus de valeur que “l’enfant”, dont la quête constituait en ces temps une préoccupation permanente. Ceci, parce qu’il sévissait alors une terrible mortalité infantile qui nécessitait de faire beaucoup d’enfants, et parce que c’était la façon logique d’accroitre la maisonnée, et donc la prospérité de celle-ci.

Dans cette compréhension des choses, la “mariée” était la femme qui se trouvait ainsi,  vouée à devenir “mère”, le “mari” était le “mâle” voué à la rendre mère, et l’exclusivité du mariage, telle qu’il fut de tous temps réservé sans que cela ait jamais nécessité d’être codifié, strictement entre un homme et une femme, ne tenait tout simplement qu’à cela, et allait de soi.

Il est remarquable à ce sujet que dans certaines sociétés, le commerce entre gens du même sexe était dans les mœurs, même si les Egyptiens quant à eux le trouvaient totalement stupide, précisément parce qu’il ne produisait pas d’enfant. Dans certaines autres, où les relations entre garçons et filles étaient régies selon un “Eros sacré”, les “initiations” se faisaient d’abord entre garçons, avant que ceux-ci n’entreprennent ensuite les filles, et dans certaines régions d’Amérique du sud, ce sont des travestis qui se chargent de “déniaiser” les garçons, avant que ceux-ci n’envisagent les femmes. Il semble alors que ce soit finalement “l’exclusivité” homosexuelle, qui soit apparue un peu partout comme étant une anomalie. Ainsi, même si ce commerce lui était toléré dans son adolescence, fustigeait-on l’homme qui devenu adulte et devant alors faire preuve de virilité, se prêtait encore comme femme à des adultes mâles, et qui était alors décrié comme étant précisément une “femmelette”.

Cependant, dans aucune de ces sociétés n’a été émise l’idée totalement ahurissante, telle qu’elle nous est proposée, selon laquelle des gens du même sexe pouvaient être “mariés”, ce qui n’a absolument aucun sens. Cette dérive découle en fait de la réduction en occident, de ce qu’est le mariage, à la simple union civile entre deux personnes, excluant totalement l’idée de maternité contenue dans le concept des origines, et qui lui conférait toute sa solennité.

Observons bien d’ailleurs que cette “déviation” de l’objet initial du mariage, constitue, quoique peuvent en dire les occidentaux qui se défaussent de la dénatalité qui les frappe, en se disant surtout préoccupés de donner la meilleure éducation possible, quant ils en ont un, à leur unique enfant, la révélation spectaculaire du fait que chez eux, l’enfant est désormais devenu une préoccupation secondaire, bien après la carrière et l’argent. Ceci, quand il ne s’agit pas tout simplement pour eux, d’un objet d’affichage de leur standing, qu’après l’avoir élevé au fric, ils vantent en société, persuadés qu’ils sont bien sûr, d’avoir fait un œuf à deux jaunes.

Il n’y a donc aucune surprise dans le fait que l’acharnement à proclamer comme étant une nécessité du progrès, le mariage sans substance, d’homosexuels, constitue une obsession de nations occidentales dans lesquelles l’enfant n’est plus prioritaire, et qui, après la débâcle démographique qui en a résulté, vont devoir maintenant faire face à une inévitable régression. Ceci, pour avoir bêtement oublié que depuis la nuit des temps, la raison fondamentale de la constitution de couples au sein des différentes sociétés humaines, aura toujours été tout simplement, pour faire des enfants. Dès lors, user le soleil à légiférer pour officialiser sous couvert de mariage, des couples qui n’en produisent pas, montre le peu d’à propos de certains dirigeants, dans une situation difficile où se révèlent pourtant bien d’autres urgences.
 
En fait, proclamer le “mariage pour tous” est une expression aussi totalement stupide que de proclamer “l’accouchement pour tous”. Ceci, pour des raisons identiques, et s’il tombe sous le sens qu’il ne peut pas y avoir d’accouchement pour tous, beaucoup de citoyens manquent encore de comprendre que les notions de mariage, de mari, de mariée, de parents, de père, de mère, et de “patronyme”, forment un tout, un ensemble d’éléments indissociables, et qu’il est parfaitement inconséquent de prétendre en isoler un, comme le mariage, où comme la notion de “parent”, pour lui attribuer “ à la demande”, des caractères de circonstance.

Ceci signifie que si pour mettre notre société à jour selon l’évolution des mœurs, nous devions sérieusement revoir l’ensemble des relations de toutes natures qui se trouvent établies entre les citoyens, et remplacer par de nouvelles, les institutions du mariage et de la famille, celles selon lesquelles se trouve encore actuellement structurée notre société, la reprise en les dévoyant et en les dénaturant, de ces anciennes institutions, en prétendant que puisqu’elles demeurent sous le même nom, elles continuent malgré cela de remplir la même fonction, est une manœuvre de faussaires.

Prétendre ainsi sans rire et sans honte, au prétexte d’égalité, qu’il s’agit en un couple d’homosexuels et un couple d’hétérosexuel, exactement de la “même chose”, et que dès lors, si les uns sont dit mariés, les autres peuvent pareillement être proclamés mariés, on ne saurait dire ce qui de la sottise ou de la mauvaise foi, l’emporte chez les promoteurs de cette vision primaire des choses, pour lesquels il ne peut y avoir égalité, qu’à condition d’identité.

Le pire, c’est que peut-être fallait-il bien pour s’adapter, en finir une bonne fois avec le mariage puisque par ailleurs, celui-ci donne clairement des signes d’essoufflement, et trouver d’autres formes d’engagement, qui ne seraient d’ailleurs pas nécessairement réductibles à des couples, tout comme substituer selon le cas, la notion de “parenté” fondamentalement établie par des liens du sang, par une autre forme de solidarité établie quant à elle selon des liens d’adoption. Mais ce vaste, nécessaire, et bénéfique chantier, a été totalement frustré, à cause de la volonté acharnée et bornée de doctrinaires égalitaristes staliniens, de proclamer pour d’obscures raisons, mariage, une disposition qui ne peut justement pas en constituer un.

Ce dont il était question, c’était tout d’abord de permettre aux couples homosexuels, au nom de l’égalité, de disposer des mêmes dispositions sociales et fiscales que les couples “mariés”, ce qui semble-t-il fut abordé avec le Pacs, et méritait visiblement d’être amélioré.

Vint ensuite la question plus problématique de savoir sous quelles conditions des couples homosexuels pouvaient avoir la charge d’enfants, et que l’un des partenaires pouvait adopter pour régler des questions de filiation, ceux de son conjoint. Il s’agit bien sûr d’une question délicate, mais concernant laquelle un débat intelligent et civilisé, entre personnes responsables, aurait permis d’aboutir à des dispositions fatalement spécifiques, mais adaptées, offrant tout à la fois des satisfactions aux couples, et des garanties quant aux enfants.

Ceci signifie que concernant ce cas d’espèce, il fallait bien sûr inventer sous une autre appellation, une institution nouvelle établissant un état civil des couples homosexuels, qui leur permette de bénéficier des mêmes avantages sociaux et fiscaux que les couples mariés, en demeurant conscient que par définition, ils ne peuvent précisément pas être “mariés”, et une institution là aussi adaptée, servant de cadre à leur prise en charge spécifique d’enfants.

Ceci aurait nécessité de leur conférer une autre appellation que celle de “parents”, étant entendu qu’un couple d’homosexuels qui ne peut se trouver formellement solidarisé par aucun lien de sang, tel qu’un enfant issu de son mariage et fusionnant en lui-même ses deux géniteurs, ne constituera jamais à cause de cela même un couple de parents “stricto sensu”.

La encore, la confusion vient de la réduction de la qualité de parents, au couple ayant la responsabilité légale, que ce soit indistinctement, par filiation ou par adoption, de l’enfant. Ceci, alors qu’il aurait fallu une autre appellation pour le second cas, celui des adoptants, qui par la simple logique des choses tel qu’il est facile de le comprendre, et quelle que pourrait être sa bonne volonté, ne peut se trouver exactement dans le même rapport à l’enfant.

Car, cette commodité civile qui consiste à identifier l’une et l’autre des conditions selon lesquelles un couple se trouve à être en charge d’un enfant, masque beaucoup trop facilement, le fait que les “parents” sont et ne peuvent être par définition, que ceux qui se trouvent “appariés”, autrement dit constitués en une “paire” définitive et irréductible, celle qu’ils forment à travers l’enfant issu de leur “mariage”, et par lequel s’établit entre eux un lien du sang, et par extension, tous les proches de même sang que cet enfant. Or, un tel lien dont il faut prendre conscience qu’il ne peut évidemment pas être sans incidence quant à la façon des uns et des autres, ne peut se trouver constitué dans les couples homosexuels.

Cette particularité à son importance par le fait qu’elle établit la spécificité masculine de ce qu’est un “père”, et la spécificité féminine de ce qu’est une “mère”, de sorte que ces deux fonctions ne sont en aucune façon interchangeables par delà les sexes, et que deux hommes ou deux femmes encadrant un enfant, seraient-ils les mieux disposés du monde, n’équivaudront jamais, contrairement à ce que proclament certains, à de véritables “parents”.

En effet, la spécificité de la fonction éducative d’un père, réside dans le fait qu’il constitue par rapport à l’enfant, l’adulte mâle dit “référent de loi”. Il s’agit autrement dit de celui des parents qui par priorité, exprime, à partir d’une base culturelle établissant ceux des comportements qui sont obligés et ceux qui sont interdits, leur “discrimination” pour l’enfant.

Il s’agit donc du parent par lequel s’opère prioritairement, la “contrainte éducative” et qui est par nécessité de sexe mâle. Car cette fonction spécifique du père ne découle absolument pas, comme certains l’imaginent, d’une simple convention sociale culturelle, de sorte que celle-ci pourrait être remplacée par une autre, au terme de laquelle une femme pourrait s’acquitter avec le même bonheur, de cette charge.

En fait, cette priorité masculine de la contrainte éducative est strictement cohérente au fait que des deux parents, c’est fondamentalement le père qui “nomme” l’enfant, autrement dit qui exerce également la “discrimination” là encore, par laquelle cet enfant se trouve “conçu”, selon l’ensemble de ses caractères initiaux, lesquels lui sont en ce sens, “nominaux”.

Ce dont il faut prendre conscience ici, c’est qu’à partir de l’étendue des propositions génétiques de son père et de sa mère, la définition des caractères qui seront effectivement retenus pour la constitution de l’enfant, s’opère selon deux procédures restrictives, “au choix”, selon des conditions de l’instant et de l’endroit, à partir de ces propositions. La première conduit alors à la constitution d’une fille, et l’autre conduit à la constitution d’un garçon.

Soyons attentifs au fait qu’il ne s’agit pas en cette définition, des seuls caractères que nous reconnaissons habituellement comme étant “sexuels” de l’enfant, mais bien de la totalité de ses caractères selon une nécessaire cohérence entre ceux-ci. Ceci signifie que par delà les organes sexuels, la définition du squelette, de la masse musculaire, de la peau, de la pilosité, du timbre de la voix, et même des caractères psychiques comme l’émotivité, pour ne citer que cela, et finalement de tous les autres caractères, se fait en fonction du choix du sexe.

Or, la fonction discriminante quant au choix du sexe est exclusivement masculine, la mère ne pouvant proposer dans tous les cas quant à ce choix, qu’un chromosome X, le père pouvant proposer quant à lui, un chromosome X, auquel cas il s’agira d’une fille, ou un chromosome Y, auquel cas il s’agira d’un garçon.

Dans cette compréhension des choses, la fonction discriminatoire d’un père, laquelle est forcément “une” en lui, même si elle possède deux expressions différentes, l’une naturelle, et l’autre culturelle, a tout à fait logiquement, conjointement pour objet, la “détermination” naturelle des caractères de l’enfant, “ce qu’il est”, puis “l’encadrement” de cet enfant, qui correspond à la forme culturelle de sa détermination, “ce qu’il fait”. Ceci, étant entendu que comme tous  les autres individus, l’enfant se trouve déterminé de ce qu’il est, à ce qu’il fait.

Tout ceci fait que, afin de sa détermination, le père d’un enfant n’est pas remplaçable sans dommage, et qu’une femme ne peut pas se substituer à lui sans grandes difficultés, pour assurer cette fonction. Il est remarquable à ce sujet, que le manque de détermination, est ce qui pénalise le plus les enfants de mères célibataires, qui ne voient plus leur père, et qui n’en ont même pas un de substitution, même si par ailleurs ils peuvent être bien éduqués.

Quant à la spécificité féminine de ce qu’est une mère, elle est encore plus évidente tant il est clair pour ne citer que cela, qu’aucun homme ne pourra se substituer à une femme pour allaiter un enfant, et tous ceux qui pensent qu’il est indifférent à l’enfant de posséder une mère, et qui professent qu’un deuxième père fera l’affaire, sont ceux qui justement n’en ont pas manqué, et qui se sont passés pour se forger leur opinion débile, de demander ce qu’ils en pensent aux orphelins de mère...
 
Notons au passage, que c’est bien selon une fonction “paternelle” que se trouve établi le choix des caractères de l’enfant à partir de ceux proposés par ses parents, autrement dit son “nom”, l’ensemble de ce qui lui est nominal, et que par là même se trouve établi sa “vocation”, ce à quoi il est “voué”. Ceci, étant entendu qu’il ne peut être voué, autrement dit, “appelé”, à accomplir, que ce que lui permet sa constitution,  tel que “nommé”.

Ainsi, tel que tout cela était bien compris depuis des millénaires, et contrairement à ce que proposent ces gens peu informés d’aujourd’hui, pour lesquels on pourrait sans dommage, donner indistinctement le nom dit de la mère, qui est en fait le nom du père de celle-ci, plutôt que le nom de son père, à cet enfant, c’est bel et bien le “patronyme” qu’il convient de donner, et à l’enfant caractérisé selon un nom que lui transmet son père, et à la mariée qui se trouve engagée par son enfant, “au nom” de son mari.

Ceci tient au fait que la mère ne transmet pas de nom parce qu’elle ne possède pas de capacité discriminante permettant la caractérisation de l’enfant, et si certains de ses caractères se trouvent malgré tout transmis, elle ne le doit qu’à l’action de son mari, les mâles (maris) étant en ce sens, ceux par lesquels les caractères familiaux se transmettent par delà les générations, d’où la logique du patronyme.

Il apparait ainsi que dans leurs aspects traditionnels, les institutions du mariage et de ce qui est devenu par l’épreuve du temps, la cellule familiale, telle que celle-ci implique les spécificités complémentaires irremplaçables de père et de mère, ne découlent pas de simples conventions sociales susceptibles d’être aménagées afin de concerner ceux que dès le départ, elles n’ont pas vocation à concerner, mais qu’elles reposent sur une objectivité de la logique des choses. Ces dispositions forment comme on le voit, un “tout” cohérent, qu’il est alors possible de remplacer, mais dont on ne peut pas modifier par commodité, les rapports établis entre ses parties, sans tout détruire.

Ce que nous devons donc considérer pour inscrire ce débat dans un cadre plus général, afin qu’il prenne “sens”, c’est que l’homme est par constitution un être forcément “socialisé”, et que son insertion dans un groupe se fait fatalement selon un ensemble de règles logiques, qui définissent les relations incontournables qui doivent être les siennes, avec ses semblables.

En considérant maintenant que dans son “être”, l’homme se trouve forcément inscrit dans le “temps”, et que ce temps se réalise du rapport contradictoire de la circonstance des choses à la constance de celles-ci, autrement dit le rapport de ce qui change à ce qui demeure, il vient que certaines de ces relations sont logiques de la circonstance des choses, donc changeantes et adaptables à notre convenance, mais que d’autres sont logiques de la constance des choses. Celles-ci doivent donc être absolument maintenues par delà les âges, les sociétés, les modes, les lubies et les caprices des uns et des autres, puisque c’est par leur maintien que justement, nous-mêmes nous demeurons.

Partant de là, il est facile de comprendre que les relations selon lesquelles s’établit la succession des générations, et donc la pérennité de notre humanité, font évidemment partie de ces dernières et qu’il ne faut absolument pas y toucher. Il n’appartient donc pas à quelque gouvernant, serait-il soutenu par le fait que sous l’action d’un lobby maboul, une idiotie soit devenue la pensée dominante dans cette société, de tout chambouler dans ces dispositions séculaires, sans absolument rien comprendre à ce qui les justifie, au prétexte que c’est sous cet engagement stupide qu’il s’est faite élire.

Il existe en fait un caractère pénalisant pour des enfants de se retrouver marginalisés dans un couple homo, réalité que d’aucun ont le culot de contester. Cependant nous pouvons faire confiance à ces enfants quant au fait qu’ils ne manqueront pas de constater eux-mêmes, la spécificité de leur famille, par rapport à celles des autres, même si par chance, ils devaient ne pas en souffrir, et quant au fait que comme la plupart des enfants adoptés, ils se mettront un jour en quête de retrouver leurs parents biologiques. Car, c’est précisément la fréquence de ces cas, qui pose aujourd’hui la délicate question de la réforme de l’accouchement “sous X”.
 
La question qui se posait était donc de savoir si la capacité structurante pour un enfant, d’un couple marginal, pouvait être la même que celle d’un couple normal, et certains se sont dépêchés de répondre à ce sujet, qu’il valait mieux qu’un enfant se retrouve dans un bon couple homo, plutôt que dans un mauvais couple hétéro. Ceci, avec l’inférence non exprimée bien-sûr, mais sans laquelle ce raisonnement ne vaut rien, que les couples homos sont quant à eux généralement bons, et qu’ainsi l’enfant n’y cours donc pas le risque des subir exactement les mêmes dommages que ceux causés par de mauvais couples hétéros, aggravés de plus par le caractère marginal de ces familles.

Or, il s’avère en réalité que les couples homos ont une mortalité encore plus grande que les couples hétéros, de sorte que statistiquement, un enfant y court encore plus de risque. Ainsi, cette façon qui consiste à opposer systématiquement pour en établir le droit, le bon couple homo, sensé représenter la quasi totalité des cas, au mauvais couple hétéro, sensé quant à lui constituer le cas majoritaire, et dont pour la circonstance, on rappelle à l’envie les pervers auxquels il a donné naissance, pour dire qu’il aurait mieux valu que ceux-ci aient été dans ces couples homos inévitablement bons, relève-t-elle de la manipulation falsificatrice.

En fait, ce qui pose problème dans ce florilège de mauvaise foi, où les inquiétudes légitimes quant à des carences dont pourrait être victime un enfant, se trouve balayées d’un revers de manche avec l’argument que la bonté inévitable du couple homo qui le recueillerait, suffirait largement à compenser cet handicap, c’est cette prétention affichée, dans une société où décidément plus rien ne tourne rond, d’établir pour ceux qui ont des difficultés à s’assumer comme en faisant partie de celle-ci, une invraisemblable “normalité de la marge”.
Il faut en effet bien dissocier dans cette affaire, la revendication d’une égalité de droit, laquelle peut faire l’objet de débats selon des appréciations différentes, même s’il s’agit en la circonstance, de la revendication d’un droit à “l’acquisition” d’enfants, dès lors devenus des objets de “confort” existentiel pour des adultes, qui ne peut manquer d’interpeller, dissocier donc ceci de la revendication absolument grotesque, d’une reconnaissance de “normalité”, concernant un comportement sexuel marginal, et qui ne peut manquer de le demeurer.

Or, c’est là que les choses ne vont plus, et que cette manœuvre révèle un état d’esprit majoritaire du pays qui pose problème. Car, s’il peut bien y avoir discussion quant à l’étendue de la légitimité d’une revendication et d’un droit, selon des approches différentes de ce qui doit constituer un ordre préférentiel des choses dans une société, il ne peut pas y avoir de discussion quant à ce qui constitue la “normalité”, selon des appréciations personnelles. Car, celles-ci pourraient très bien amener par exemple certains, à proclamer une vertu du meurtre, et à revendiquer pourquoi pas, au nom d’une sélection naturelle, une inscription de celui-ci dans la normalité. C’est d’ailleurs très exactement ce qui s’est produit, on s’en souvient, durant une période trouble de l’histoire européenne.

La notion de normalité ne peut pas faire l’objet d’appréciations personnelles de telle sorte que chacun ayant sa norme selon ce qu’il est, nous vivrions dans une “schizophrénie” généralisée. Elle doit absolument être attachée à une objectivité incontestable, en l’occurrence nous devons considérer comme relevant de la “norme”, tout comportement susceptible d’être celui de tous, sans que cela ne nuise gravement à la société. Ceci, étant bien entendu que la notion de norme, dont la transgression par certains constitue une offense faite aux autres, n’a justement de raison, que sociale.

Dans ces conditions, l’homosexualité n’étant évidement pas un comportement qui peut être généralisable à tous, est et demeurera, marginale, et n’est supportable qu’ainsi dans une société. Dès lors, en faire au nom d’une “égalité” des droits, une “identité” de valeur au sein d’une société, avec l’hétérosexualité, ce qui n’est justement pas le cas eu égard à cette société, est un concept totalement maboul, dont la grande nocivité tient au fait que cette approche des choses se trouve sous-tendue par une philosophie répandue, qui malheureusement, va bien au-delà des seules questions sexuelles.

Car, partant de cette contestation implicite du fait que des dispositions établissent bien une différence entre ce qui est la norme et ce qui est la marge, certains vont  jusqu’à contester au nom de la modernité, la réalité d’une norme qui serait située au delà de nos jugements, en considérant que l’agrément majoritaire d’un comportement, suffit à en établir la normalité. Cependant il doit être bien clair pour nous, qu’une erreur partagée par des millions de gens, ne devient pas pour autant une vérité.
 
Car, ce que révèle en fait cette affaire, c’est bien la disparition sans son remplacement, d’une norme déjà ancienne, celle de la structure familiale, mais également de toutes les autres normes qui jusque là encadraient la vie sociale, pour être remplacées par le fait majoritaire, quelles que soient ses raisons, ses circonstances, et son inspiration, serait-ce un effet de mode, ou le résultat d’un battage médiatique.

C’est donc tout à fait logiquement que ce mouvement en faveur du mariage pour tous, a inscrit sa contestation d’une norme de la famille, dans une contestation bien plus large, laquelle lui a d’ailleurs valu tout son succès, des enseignements religieux parmi lesquels cette norme s’inscrivait, et qui eux aussi prétendent le fait d’une norme, “inspirée” celle-là, située au delà de nos appréciations personnelles. Or, si ces enseignements religieux sont contestables quant aux formes normatives qu’ils proposent, ils ne le sont pas quant au fait qu’il en faut, une société ayant fatalement selon ses différentes institutions, des interdits et des obligations. Mais, c’est pourtant jusque là que sont allées les contestataires.

Selon les “modernistes”, il n’y a donc pas lieu qu’il y ait une norme de la famille et par conséquent de toutes les autres institutions et dispositions patrimoniales ou matrimoniales, qui découlent de ce concept “nucléaire”, homme, femme, enfant, de la construction sociale. Toutes les formes de celle-ci seraient donc pareillement valables, y compris celles obtenues en secours ou par confort, par ces nouvelles techniques que sont la PMA et la GPA

Cependant hors de tout cadre normatif, il est clair que d’autres formes dites de mariage peuvent tout à fait légitimement être revendiquées, en particulier celles qui dépassent le cadre restrictif du couple, dont la justification, hors de sa capacité nominale à produire des enfants, et la responsabilité sociale qui partant de là, lui incombe, peut pareillement être contestée. C’est dans cet esprit qu’au Brésil, certains revendiquent désormais le “mariage à trois”, ajoutant ainsi au principe de “polygamie” appliqué jusqu’aujourd’hui dans certaines sociétés, celui demeuré plus anecdotique de “polyandrie”.

Bien sûr, l’une et l’autre de ces formes de mariage se situent en dehors de la norme telle que définie, puisqu’elles ne sont évidemment pas applicables par tous, pour des raisons tout simplement arithmétiques. Cependant, la revendication des partisans de la polygamie et de la polyandrie, pour ne citer que ces autres formes marginales “hors normes”, de mariage, à l’amour, au bonheur, et à la sérénité, est parfaitement tout aussi légitime que celle formulée par, et pour, les homosexuels, et prétendre arbitrairement que la contestation de la norme ne doit valoir que pour ces derniers, relève de la plus totale malhonnêteté.

En réalité, dans leur précipitation à satisfaire au plus vite leur clientèle, en lui donnant un os à ronger, ceux du pouvoir ont ouvert un débat, au demeurant, absolument passionnant, qu’ils pensaient circonscrire au cas de quelques homos victimes de difficultés administratives, et surtout en quête d’une impossible reconnaissance. Mais ce débat se révèle beaucoup plus vaste, parce qu’il ouvre la porte à une remise en cause, hors de tout cadre normatif, de tous les aspects de notre société, ce qui, dans cette précipitation et cette impréparation, constitue l’ouverture d’une véritable boite de Pandore...

Ce qu’il faut maintenant remarquer, c’est que pour contestable qu’elle soit, cette loi du mariage pour tous s’inscrit totalement dans l’actuelle pensée dominante, qui est celle d’une société objectivement “décadente”, et qui comme telle, par définition même, ne vaut rien. Ceci, étant bien entendu que si la pensée dominante d’une société était positive, cette société ne serait justement pas décadente, et parviendrait à un règlement de ses problèmes. Il s’agit donc bien par cette loi, d’une illustration de notre déchéance, puisqu’on ne voit pas pourquoi une pensée dominante s’étant révélée si médiocre, quant au règlement de toutes les difficultés qui nous étreignent depuis si longtemps, se révélerait soudain exceptionnellement pertinente, quant à cette seule question...


                                                  Paris, le 12 février 2013
                                                        Richard Pulvar