dimanche 16 juin 2013

PARCE QU’ILS CONNAISSENT LES VICES DU PEUPLE, LES PUISSANTS JOUERONS TOUJOURS AVEC UN COUP D’AVANCE



Bien naïfs sont tous ceux qui s’imaginent un instant que par leur vibrant activisme, aussi légitime et vaillant soit-il, ils combattent efficacement les puissants, car il n’en est rien. Ceci, parce que dès le départ, ils ne sont tout simplement pas en “disposition” pour le faire, parce qu’ils ne sont pas maitres de la situation dans laquelle ils se trouvent, et surtout pas des ressentiments qu’ils en éprouvent, et qu’ils ne réalisent pas à quel point à partir de leur état, en les établissant dans une situation, afin qu’ils en aient un légitime ressentiment, mais provoqué, et donc un comportement logique de ce ressentiment, il est facile de les pousser à la faute.

En fait, loin de réellement “combattre” comme ils le pensent, beaucoup de ces gens ne font finalement que se “débattre”, s’agiter d’une façon fatalement désordonnée et irraisonnée, parce qu’ils manquent dès le départ de comprendre que tels qu’ils réagissent “spontanément”, ce qu’ils font évidemment selon “ce qu’ils sont”, et alors même que cette nature qui est la leur est parfaitement “connue” par ceux qui font leur métier de la connaitre et de l’exploiter, leur comportement a été depuis longtemps déjà, prévu, voulu, et finalement obtenu...

Qui a pu croire un seul instant, que des puissants installés le derrière sur une montagne de milliards, allaient rester tout simplement là à attendre tranquillement qu’on vienne les en déloger ? Si ces hommes avaient été d’une telle inconséquence, ils ne seraient certainement pas devenus les puissants qu’ils sont, et on peut leur faire bien des reproches, mais certainement pas celui d’être idiots ou imprévoyants...

Même s’ils ne partagent rien de son existence, mais parce que c’est en quelque sorte de leur métier, les puissants connaissent le peuple, ils connaissent parfaitement ses manques et ses frustrations, même s’ils feignent de n’en rien savoir pour ne pas avoir à y accéder. Ils connaissent ses attentes, ses rêves, et surtout, ils connaissent ses vices, en particulier, sa soif de revanche, son sectarisme d’identification, son inavouable besoin de “détestation”, et pour assouvir celui-ci, son besoin d’un ennemi accessible, c’est-à-dire qui lui soit semblable. Et, comme avec la bouteille que l’on tend à l’alcoolique pour le manipuler, les puissants vont offrir au peuple une occasion de satisfaire ses vices, lesquels le font ennemi de lui-même...

Leur premier coup de génie fut d’avoir investi simultanément et avec succès les deux partis gouvernementaux, de gauche, et de droite, s’assurant ainsi que quel soit le sort des urnes, c’est la même politique qui sera menée à leur profit. Ceci, en bernant ainsi les idolâtres d’étiquettes qui, vice parmi bien d’autres, soutiennent un parti par delà toutes ses menées, seraient-elles crapuleuses, pour le seul bénéfice de la notoriété de son appellation à laquelle alors, ils s’identifient, afin de se prétendre, et ce narcissisme du corbeau leur sera fatal.

Bien sûr, ces puissants se doutaient bien que le peuple insatisfait finirait par se rendre compte de la mystification, que c’est toujours la même politique qui est menée par les deux bords, qu’il se déferait donc de ses identifications habituelles gauche, droite, les rejetant l’une et l’autre, et qu’il risquerait même de se fédérer autour d’un mouvement unique, contestataire et solidaire. Mais ils avaient prévu la parade, rendre ce peuple définitivement incapable de se rebeller, en le rendant justement incapable de se fédérer, et pour cela, il leur fallait provoquer à nouveau en son sein, une rupture franche, douloureuse, et durable, et ils vont l’obtenir...

Dans une telle situation, alors qu’on se rend compte que l’ennemi du peuple ne se situe plus, ni à gauche, ni à droite, mais ailleurs, un citoyen sensé comprend qu’il ne peut dès lors rien arriver de pire à ce peuple, que de se diviser et de s’affronter selon un partage d’étiquettes gauche-droite qui laisserait son ennemi totalement hors d’atteinte, alors que ce peuple se donnerait lui-même des coups que ces puissants n’auraient même plus besoin de lui porter...

Et c’est là leur second coup de génie, ils vont offrir à chaque moitié du peuple, l’autre moitié comme ennemi, sachant bien que celui-ci ne résisterait pas au plaisir de s’identifier selon un réflexe raciste de classe, par contradiction à quelque chose d’autre, que non plus il ne résisterait pas à son plaisir de détestation, et à sa volonté de passer sa rage sur un ennemi accessible, puisque eux ces puissants, lui sont totalement inaccessibles...

Beaucoup ont pensé, et j’en l’étais je l’avoue au début, que cette histoire de mariage pour tous, alors que le pays avait à faire face à de si redoutables problèmes autrement plus fondamentaux, était une bourde, non seulement du point de vue de la simple gouvernance, mais également pour la nécessité d’un gouvernement de ne pas se rendre aussi rapidement impopulaire, en s’aliénant ainsi une grande partie de la population, concernant une question accessoire. Mais en réalité, sous cet aspect trompeur, c’est un coup terrible qui était porté...

Les puissant eux savaient qu’il n’y avait aucune chance pour que ce gouvernement puisse jamais devenir populaire, compte tenu des dossiers concernant lesquels il ne pouvait que mal faire, et que dès lors, peu importait ses résultats et sa popularité, tout ce qui comptait, c’était que ce gouvernement puisse se maintenir, en rendant son renversement impossible, et c’est bien ce qu’ils ont obtenu...

Alors qu’après sa notoire défaite et les affrontements “d’ego” dont elle fut le théâtre, les électeurs de droite prenaient eux-mêmes la mesure du désastre que fut l’administration du pays par l’équipe qu’ils avaient élue, et qu’ils cherchaient confusément une autre voie, tout comme bon nombre d’électeurs de gauche sachant très bien dès le départ, qu’il n’y avait strictement rien à attendre de bon de la nouvelle équipe qui ne devait d’être là, que comme instrument permettant de chasser l’autre, un paysage politique nouveau s’ouvrait. Ceci, avec une large majorité de citoyens rassemblés autour d’une même idée fédératrice, la nécessité de réformer profondément notre république...

Dès lors, tout devenait possible, y compris la fin du terrible règne des puissants qui, contrairement à ce que conservent dans leur imaginaire quelques attardés rompus aux luttes anciennes, mais qui n’ont pas vu ce monde changer, ne sont pas davantage de droite qu’ils ne sont de gauche. Car, ils constituent tout simplement une oligarchie dont “l’aire” d’exercice dépasse ces appartenances désuètes, puisqu’elle dépasse même largement le cadre national.

Le piège tendu était alors celui de la “division”, ruinant tout espoir de constitution d’un front uni efficace, absolument indispensable pour que le peuple, qui n’est pas réductible qu’à sa seule gauche, comme l’envisagent avec complaisance certains sectateurs méprisants, puisse affronter les redoutables forces adverses.

Malheureusement dans ce piège, ceux de la gauche suffisante et méprisante, parce que telle, ont sauté à pieds joints dedans...

Les puissants comprenaient bien que cette gauche profondément humiliée et frustrée, après toutes ces années d’un pouvoir sans partage de la droite la plus archaïque et rétrograde qui ait jamais été, n’allait pas simplement se contenter d’avoir un gouvernement prétendant exercer en son nom, alors même que de toute évidence, ses engagements ne constitueraient que des insultes à l’idée de progrès, et que cette gauche risquait alors de se liguer avec l’opposition naturelle à ce gouvernement, celle de droite.

Mais ils ont surtout compris, et tel fut leur génie, que cette gauche souhaiterait se venger, qu’elle voudrait repeindre ce pays auquel elle avait fini par se sentir étrangère, à ses couleurs, qu’il fallait absolument dans l’organisation des choses, une marque qui fut la sienne et qui ne put être que la sienne et qu’elle s’en viendrait l’afficher à la face de ceux de droite, la leur infliger, et bien faire sentir à ceux de cette droite jusqu’à ce qu’ils en baissent la tête, que c’est bien elle qui désormais, exerçait le pouvoir. Mais ce sont les puissants qui choisiront pour elle cet instrument de sa vengeance et qui lui offriront très habilement afin qu’elle s’en délecte, le “mariage pour tous”.

Il est facile de comprendre que, même si nous sommes dans un république laïque, celle-ci n’en emporte pas moins en son sein plusieurs communautés de croyants que cette laïcité à précisément pour objet, de leur permettre d’exercer librement et sereinement leur culte. Tout homme politique responsable et réaliste comprend alors que, sans nullement renoncer à honorer ses promesses, ni se soustraire à ses strictes obligations républicaines, il se doit cependant de traiter ces affaires extrêmement sensibles, avec la plus grande délicatesse.

Les choses sont ainsi dans un univers qui ignorant l’exactitude, crée des situations difficiles. Même si tel n’était pas le but, mais parce que ce projet porte atteinte selon certaines de ses implications, à ce qui relève précisément des fondements mêmes de leur “croyance”, comme une injure à cette croyance par ceux qui méprisent ces autres qui croient, et même s’il trouve sa légitimité dans la légalité républicaine, ces communautés ne pouvaient manquer de vigoureusement contester ce projet gouvernemental, tout cela était parfaitement prévisible...

Partant de là, et si toute cette affaire n’avait pas relevé d’une sordide manœuvre, concernant un tel projet qui ne présentait aucun caractère d’urgence, un gouvernement bien intentionné aurait pris son temps, pour que les idées puissent murir, les esprits s’apaiser, et les points de vue se concilier, plutôt que de mener d’une façon totalement suspicieuse, cette affaire au pas de charge. Et, il n’aurait surtout pas refusé d’une façon totalement malhonnête et déshonorante, en se retranchant derrière des arguments éculés de procédure, de soumettre celui-ci à un verdict populaire qui aurait fait honneur à notre démocratie...

Il est clair dès lors, qu’on ne trouvera pas d’explication au refus de cette consultation populaire par des gens se disant précisément et sans rire, “de gauche”, comme si consulter le peuple c’était faire injure à celui-ci, rien de tout l’acharnement à présenter cette affaire comme un cas d’urgence nationale absolue, rien de toutes les injures proférées à l’égard des croyants considérés comme étant presque des êtres présentant une insuffisance intellectuelle, par des crâneurs enflés de leur suffisance, si on manque de constater que c’est en réalité un furieux “règlement de comptes” avec la droite, qui constituait la véritable motivation de cette mobilisation...

Or, il existe deux catégories de règlements qui ne se superposent absolument pas, et qui sont, le “règlement de comptes”, et le “règlement des problèmes”, et il faut savoir renoncer au premier afin de pouvoir assurer le second, ce que la gauche ulcérée et suffisante, parce que telle, n’a évidemment pas su faire...

Où en sommes nous donc au sortir de cette histoire lamentable...?

Il fallait bien s’attendre au fait qu’à cette heure où il atteint des records d’impopularité, si certains s’en venaient soutenir un gouvernement pour “l’accessoire”, alors même qu’ils le contestent autrement pour l’essentiel, ce gouvernement n’allait pas manquer très habilement, de faire de cet accessoire, l’essentiel, et c’est bien ce qu’il est parfaitement parvenu à faire. C’est ainsi que durant toutes ces semaines de tumulte, où il nous était dit l’urgence de mettre fin à la désespérance des homosexuels persécutés, toutes les dispositions les plus totalement antisociales et rétrogrades sont passées comme des lettres à la poste derrière cet écran de fumée, sans qu’il ne reste plus une seule voix disponible pour le dénoncer et s’y opposer, occupées qu’elles étaient toutes à soutenir le projet gouvernemental piégeant. Et si ce gouvernement impopulaire s’est permis une telle audace, c’est parce qu’il se sait bien à l’abri.

En effet, dans l’état actuel du pays, renvoyé à ses divisions traditionnelles qu’il était en train de positivement dépasser, par la ruse des uns, et la sottise des autres, avec une droite qui juste avant, se trouvait totalement délabrée, mais qui à cette occasion s’est refaite une santé, en se montrant capable de mobiliser des centaines de milliers de citoyens, avec une extrême droite ayant le vent en poupe, selon la stratégie édifiée par les puissants dont elle constitue un de leurs instruments favoris, plus aucune “révolution populaire” n’est possible dans ce pays...!

Ces gens de l’extrême gauche dont j’ai pu vérifier qu’au-delà de leurs inconditionnels, de leurs parents, de leurs amis, de leurs chiens et de leurs chats, tout le monde se moque éperdument de ce qu’ils racontent, et qui par leur extrême intolérance, se montrent incapables de fédérer autour d’eux, continent de croire qu’ils vont faire la révolution à eux tous seuls, c’est-à-dire avec au mieux, 15% du pays toutes catégories confondues...!

Tout se passe comme s’il était possible de faire une révolution en se passant de l’essentiel du peuple, et même contre lui, en considérant que ceux qui ne se réclament pas d’une gauche dont d’ailleurs plus personne ne sait réellement ce que c’est, c’est qu’ils ne sont tout simplement pas du peuple. Or, s’il est clair que les révolutions sont le fait de minorités agissantes, celles-ci ont tout de même la bonne idée et la capacité de s’allier le peuple.

A coté de cette extrême gauche, ceux auxquels malgré toute la répugnance que cela leur inspire, ils seront obligés de lécher le derrière une fois encore, s’ils veulent exister sur le plan parlementaire, c’est-à-dire les idolâtres “bénis oui-oui” peints en rose, qui soutiendront jusqu’à l’apocalypse, le parti gouvernemental, ne sont pas à la veille de sortir de leur léthargie et de leur néant. Et voici pour la gauche...!

Tant et si bien que s’il doit se produire un changement significatif dans ce pays, il ne pourra plus provenir que de la droite, à cause de l’inconséquence d’une gauche divisée, décrédibilisée, et qui s’est employée par sa folie, à ressusciter cette droite honnie...

Reste alors les “pioupious” de la banlieue... Mais là, c’est tout autre chose, et les puissants ont probablement déjà prévus les moyens de récupérer leur éventuel mouvement...

                                           Paris, le 16 juin 2013
                                             Richard Pulvar