mercredi 23 août 2017

COMPTES D’OPERATION, POUR EN FINIR AVEC LES FANTASMES…






Sur le total de leurs réserves de change qui résultent de leurs opérations commerciales, les nations qui participent à la zone CFA en conservent la moitié dans leur banque centrale, pour pouvoir effectuer leurs opérations “hors zone”, c’est-à-dire directement avec cette partie  des devises dont elles disposent comme des dollars ou autres, avec des partenaires qui ne font pas partie de cette zone. Mais, pour pouvoir effectuer des opérations “en zone” avec des partenaires de celle-ci, il leur faut bien sûr des francs CFA. Elles déposent donc pour cela l’autre moitié de ces réserves sur des comptes d’opération auprès de la banque de France, en échange de quoi elles reçoivent une somme équivalente en francs CFA, leur permettant d’effectuer leurs opérations en cette zone…
Il faut tout de suite remarquer que contrairement à une idiotie qui circule sur le net avec d’autant plus de succès qu’elle permet à certains de satisfaire leur délectation victimaire, il ne s’agit évidemment pas en ces dépôts d’un quelconque impôt colonial comme il fut écrit, et que par cette opération les nations concernées ne perdent pas un seul centime de leur avoir. Il s’agit tout simplement pour elles de transformer une partie de cet avoir en francs CFA, pour leurs opérations “en zone”, et conserver le reste pour leurs opérations “hors zone”…
Lorsqu’une nation a déposé plus de devises qu’elle n’a retiré de CFA, son compte est excédentaire et il donne droit ainsi à des intérêts, et lorsqu’elle a retiré plus de CFA qu’elle n’a déposé de devises, son compte est déficitaire et il est alors frappé d’agios, tout cela se passe dans le fond, comme dans n’importe quelle banque…
L’argument que développent alors certains selon lequel la Banque de France prêterait avec intérêt aux nations de la zone leur propre argent déposé est parfaitement stupide puisque si une nation en vient à emprunter selon un compte déficitaire, c’est justement parce qu’elle a déjà retiré plus qu’elle n’a déposé. L’argent qui lui est alors prêté n’est nullement le sien, mais soit celui des comptes excédentaires, ou correspond à une création de monnaie par l’institut d’émission devant alors être garantie par la Banque de France, et mettant en œuvre les mécanismes habituels des systèmes monétaires, afin d’une réduction de la masse monétaire si cette création n’implique pas une production de richesse…
Car ce qu’il faut bien comprendre c’est que l’argent déposé sur ces comptes n’est absolument pas utilisé par la puissance tutélaire du système c’est-à-dire la France, pour effectuer ses dépenses et assurer son train de vie comme certains le prétendent stupidement, puisqu’il s’agit du dépôt nécessaire pour que le CFA soit et demeure convertible. Ceci signifie que si une nation décide de se défaire de CFA, elle les rétrocède à la banque de France qui lui rend alors en échange des devises. Il faut donc bien que celles-ci soient là et pas dépensées, sinon le système ne fonctionnerait pas…
En fait, ces sommes sont placées par la Banque de France, et les intérêts que produit ce placement servent à rémunérer les comptes excédentaires, et le service lui-même de la Banque de France pour la gestion du système, mais croire comme certains que les Français se mettent purement et simplement cet argent dans leur poche, est parfaitement stupide…
S’il arrive alors comme c’est actuellement le cas dans la zone d’Afrique centrale (CEMAC), où suite à l’effondrement des cours du pétrole, les nations pétrolières de la zone n’ayant évidemment pas pu réduire leur train de vie aussi brutalement que ces cours, leurs comptes se sont trouvés à ce point déficitaire que l’institut d’émission a du faire une création monétaire sans contrepartie, c’est normalement à la banque de France d’apporter des fonds nécessaire pour pouvoir garantir malgré cela la convertibilité du CFA et surtout, la fixité de sa valeur par rapport à l’euro.
De la même façon, si une nation s’endette en contractant un emprunt auprès des différentes institutions financières internationales telles que le FMI, c’est à la Banque de France de garantir cet emprunt puisque c’est elle qui garantit tout le système et qu’elle est surtout la seule à pouvoir le faire…
C’est la raison pour laquelle elle possède un administrateur avec droit de véto au sein des conseils d’administration de toutes les banques centrales des nations de la zone dont les décisions impactent forcément le système, ce qui prive fatalement celles-ci de leur pleine souveraineté, puisqu’elles n’ont pas l’entière liberté de leurs engagements financiers, monétaires, et fiscaux.
Bien-sûr comme dans tout, il existe des avantages et des inconvénients à ce système  et son plus grand avantage, c’est son exceptionnelle stabilité monétaire, qui ne s’est vue et ne se voit nulle part ailleurs en Afrique, mais corrélativement à cette stabilité qui demeure l’objectif principal de la Banque de France, son principal défaut c’est qu’elle ne permet pas aux nations de la zone d’avoir une politique économique, monétaire, et fiscale, parfaitement adaptée à leurs spécificités…
Le débat est donc ouvert, il va y avoir les pour et les contre, mais ce débat se trouve totalement pollué par le flot de débilités que produisent tant de sites propagandistes et auxquelles malheureusement croient tant d’Africains, pour ne pas constater leur part de responsabilité dans les problèmes qui les étreignent, et selon lesquelles ce système permettrait à  la France de s’emparer de toute la richesse que produisent les Africains, d’en vivre, et de se financer.
Et tout ceci, parce que ces gens n’ont pas la moindre idée de la réalité des choses et de la distance énorme qui sépare les économies des nations africaines même les plus riches, face à une économie comme celle de la France qui est la cinquième au monde…
Les chiffres du tableau datent de la fin 2014 et nécessiteraient d’être mis à jour, mais ils permettent déjà de se faire une idée des choses. Si on cumule les avoirs des deux zones UMOA et CEMAC déposés sur les comptes d’opération, soit 3155 milliard de FCFA pour la zone UMOA, correspondant aux “avoir en monnaies étrangères dans la zone franc” sur la ligne du haut du tableau, et les 3848 milliards de FCFA correspondant aux avoir de la zone CEMAC sur la ligne du bas du tableau, on parvient à un total de 7003 milliards de FCFA, pour l’ensemble des dépôts effectués par les nations de la zone CFA auprès du trésor français.
Il faut donc bien se rendre compte que ceci ne correspond qu’à 10,6 milliards d’euros. Or le Pib nominal de la France étant de 2847 milliards de dollars, ce qui correspond à peu près à 2500 milliards d’euros, on constate que l’ensemble de sommes consignées sur les comptes d’opération de toutes les nations de la zone CFA, ne correspond qu’à 0,4% seulement du Pib de la France qui rappelons-le, fait plus que 17 fois le Pib cumulé des 14 nations de la zone, et dépasse même les 2513 milliards de dollars de l’ensemble des 54 nations africaines réunies...!
Heureusement que ce n’est pas après ces comptes que les Français attendent pur assurer leur niveau de vie ni même pour se financer, car ils seraient bien malheureux… !
Il est temps de sortir de tout ce flot de sottises…!
En fait, le problème vient du fait que beaucoup d’Africains ne prennent pas bien la mesure de ce qui différencie du minerai de fer d’une automobile faite à partir de lui, et ils ont du mal à comprendre comment celui qui produit l’automobile peut il devenir à ce point plus riche que celui qui lui fournit simplement le minerai…
Parce qu’ils produisent ces matières premières en quantité pour tout le reste du monde, ces Africains pensent qu’ils devraient normalement être riches, et se sont convaincus que s’ils ne le sont pas, c’est parce qu’ils se font voler. En réalité, le prix de la matière première est totalement insignifiant dans le prix final d’un produit manufacturé, et l’expérience montre qu’à part les produits énergétiques, pétrole, gaz, ou charbon, jamais aucune nation n’est devenue riche en produisant simplement de la matière première, il faut être capable d’en tirer au moins des produits semi-finis, pas d’avantage qu’aucune nation n’est devenue riche en produisant des produits agricoles sans transformation. Là encore, le prix du cacao que produit un Ivoirien est-il insignifiant par rapport au prix de la tablette de chocolat que les autres lui revendent après avoir transformé son cacao…
L’autre illusion totale des Africains, c’est de considérer que puisqu’ils ont les pieds au dessus de ressources considérables, cela suffit à ce que leur continent soit riche, mais cela n’a aucun sens. Ces ressources ne deviennent effectivement des richesses qu’une fois qu’elles se trouvent exploitées, ce qu’ils ne parviennent pas à faire eux-mêmes. Ils constatent que ceux qui les exploitent en deviennent riches, et ils proclament alors qu’on s’en vient les piller. Or, si les sociétés occidentales ou asiatiques ne venaient pas avec leur savoir faire pour exploiter ces ressources, les Africains n’en tireraient pas un seul centime…
Il faut donc prendre conscience une bonne fois que la richesse d’une nation réside dans la capacité de ses hommes à en exploiter les ressources, et c’est là, dans leur incapacité à le faire, que se situe le problème des Africains…
Nous atteignons là le problème culturel…
Les civilisations de l’antiquité ne connaissaient ni les institutions financières, ni les places boursières, ni le machinisme industriel, ni les sociétés multinationales. Leur mode de développement était donc un mode adapté à leur époque, et à leur endroit…
Aujourd’hui, le mode de développement de notre époque et partout dans notre monde désormais globalisé, est le mode de développement à l’origine occidental, et devenus mondial. Or, les rancœurs et les griefs qui les travaillent sans cesse selon leur contentieux historique avec l’occident, et surtout, la surestimation à laquelle ils procèdent de leur culture ancestrale, fait que ces Africains refusent la logique du développement occidental avec tout ce que cela leur impose comme nouvelle règles sociétales et comme obligations comportementales…
Ils rêvent alors de se doter d’un modèle de développement qui ne soit pas occidental, dans un monde globalisé ou toutes les autres nations ont adopté ce système, les asiatiques en tête avec un succès tels qu’ils ont été faits “occidentaux d’honneur”, et ils se voient s’en revenir à leurs traditions ancestrales, celles-là mêmes à cause desquelles ils n’ont jamais été en mesure depuis plus de cinq siècles, de se mettre à l’abri de la domination étrangère…
Une telle insulte jetée à la face du “vent de l’histoire” auquel ils prétendent ainsi s’opposer, ne leur laissera aucune chance, tant qu’ils s’obstineront…                

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