mercredi 23 août 2017

FRANCE, ETATS-UNIS, DEUX SIECLES DE RIVALITE QUI VONT TROUVER LEUR DENOUEMENT



Depuis maintenant plus de deux siècles, La France et les Etats-Unis s’opposent à toutes les occasions sur toutes les tribunes, même si cela demeure pacifique entre deux nations autrement alliées de longue date, en se prétendant chacune, la nation qui s’offrant comme modèle au monde, doit conduire celui-ci vers l’universalité…
Si les Américains ont tiré les premiers avec leur constitution de 1787 qui, loin de ce qui avait alors cours dans les monarchies européennes, proclamait le droit à la vie, à la liberté, et à la recherche du bonheur pour tous, celle-ci avait tristement ignoré les esclaves noirs dans ce partage des droits, et l’Amérique demeurera esclavagiste pour des décennies encore…
Ce ne fut pas le cas en France où la “déclaration des droits de l’homme et du citoyen” de 1789, qui constitue désormais le préambule de la constitution française de 1958 sous laquelle nous demeurons, proclama que tous “les hommes naissent libres et égaux en droits”. Elle fut donc logiquement suivie après que fut proclamée la république en 1792 et qu’une constitution lui fut donnée en 1793, de la première abolition de l’esclavage en 1794, qui permit aux Français de proposer au monde leur “universalisme républicain”, même si c’est malheureusement à coup de canon que le message sera porté à travers toute l’Europe, et à l’aide de canonnières, qu’il sera porté dans le reste du monde.
Viendra compléter cet idéal républicain dans la seconde partie du dix-neuvième siècle, ce concept bien français de la laïcité, notion qu’ignorent encore à ce jour les Américains dont le président prend ses fonctions en jurant par-dessus une bible, permettant d’affirmer que l’universalisme français se situe bien quant à lui, au-dessus des races et des religions...
Les Américains sembleront reprendre l’avantage grâce à une posture “anticolonialiste” qui allait considérablement fragiliser la position française, et qui allait conduire au sortir de la première guerre mondiale, à la création de la Société des Nations, sous l’impulsion de leur président Wilson mais curieusement, à laquelle l’Amérique en tant que nation, n’adhérera pas. Cependant, la fin du 19ème siècle et la première partie du 20ème siècle allaient être marquées par la création par les Français, de la quasi-totalité des grandes institutions internationales qui demeurent à ce jour, qu’elles soient sportives, scientifiques, culturelles, ou humanitaires…
Les Américains reprendront alors un avantage par la création au sortir de la deuxième guerre mondiale, de l’Organisation des Nations Unies, en donnant ainsi une saine impulsion au monde entier. Mais ils vont le perdre à cause de leur opposition doctrinale obsédée contre le communisme qui allait conduire aux guerres désastreuses de Corée et du Viet Nam, et surtout, face à la politique d’ouverture vers l’est et de “coexistence pacifique” initiée par le général de Gaulle. Car dans une parfaite intuition de l’avenir, celui-ci sera le premier parmi les grands de l’ouest à reconnaitre la Chine de Mao dès 1964, il fera le voyage de Moscou en 1966 juste peu de temps après avoir fait sortir la France de la structure militaire de l’Otan, et son célèbre discours de Phnom Penh où il aura procédé à un violent réquisitoire contre l’impérialisme américain, sera particulièrement bien accueilli par tous ceux qui n’admettaient pas de voir le monde coupé en deux…
C’est donc logiquement à Paris, que sera signée la fin de la guerre du Viet Nam, et si la rivalité semble s’apaiser durant quelques années, elle atteindra son point culminant lors du célèbre discours du 14 février 2003, du ministre français des affaires étrangères au conseil de sécurité des Nations Unies, où les Américains seront purement et simplement défaits, sous les applaudissement des nations de ce monde, ce qui est normalement interdit en cet endroit, pour le discours du représentant de la France s’opposant à leur politique. La guerre désastreuse qu’ils mèneront malgré cela, n’arrangera rien à leur image et leur vanité de se faire prendre en modèle par les nations du monde…
C’est alors que quelques années plus tard, les hasards du calendrier et de la rotation de la représentation des régions par certaines nations, vont conduire à la tenue de la conférence sur les changements climatiques dite Cop 21, à Paris. Y seront accueilli, en plus du secrétaire général des Nations Unies, 150 chefs d’état, et de nombreuses délégations de la société civile issues de toutes les nations du monde, et leurs travaux déboucheront au bout de deux semaines, à un accord signé par l’unanimité des parties…
Il s’agit là d’un très grand succès diplomatique pour le pays organisateur, même si certains considèrent que cet accord n’est pas encore suffisamment contraignant pour être réellement efficace, mais il a fait la preuve d’une préoccupation planétaire…
Dans ces conditions, lorsqu’un nouveau président des Etats-Unis prend parmi ses toutes premières décisions, celle de donner carrément un coup de canif dans un contrat le liant à la communauté des nations, et ce, à la consternation d’un bon nombre de ses concitoyens conscients de la réalité de ce monde, il est clair que la prétention universaliste des Américains n’est dès lors plus qu’une occasion définitivement manquée. S’ajoute alors à cela l’attitude clairement xénophobe et pour le moins équivoque de ce président, face aux groupements racistes et extrémistes qui paradent en son pays, et il est clair que dans ces conditions ce n’est pas vers les Etats-Unis que les nations tourneront leur regard en vue da la réalisation de l’universalité qui se fera donc bien à Paris, selon la vocation même de cette ville.
                                                       Paris, le 17 août 2017
                                                            Richard Pulvar

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