mercredi 23 août 2017

QUAND UNE TENTATION AMERICAINE NOUS RAPPELLE QUE “FASCISME” ET “FASCINATION” ONT LA MEME ORIGINE…





Il s’agit en cette origine commune, de la puissante force de “séduction” qui à la fois “fascine”, et qu’exerce sur un groupe d’hommes selon une détermination centripète les vouant à leur rassemblement unitaire, qui est en ce sens mécaniquement “gravitationnelle”, ce qui notons le, signifie directement qu’elle possède un caractère “grave”, la “convergence”.
Il s’agit alors en celle-ci, non seulement de la détermination d’une pluralité d’individus à un “projet commun”, ce qui est déjà la préoccupation du “civis”, le “citoyen” tel qu’il se trouve associé en son projet, mais avec en plus une projection de ce citoyen lui-même dans ce projet, projection par laquelle il s’envisage alors dans un dépassement de lui-même…
Se faire plus que soi, par un dépassement de soi-même et par le fait, plus que les autres, afin d’en devenir “seigneur”, telle est la tentation…
Si beaucoup demeurent convaincu, et curieusement, les fascistes font justement partie de ceux-là, qu’une dimension supérieure de l’humain se trouverait dans la “physique” des individus, en faisant que certaines races d’hommes seraient supérieures aux autres, c’est pourtant bien, selon ce qui constitue chez eux une compréhension intuitive du phénomène, dans une dynamique du groupe, dépassant donc la singularité physique des individus et qui en ce sens est “métaphysique”, qu’ils se tentent vers la supériorité.
En réalité, c’est vraiment là et surtout uniquement là, et non pas dans la biologie, mais  dans la projection unitaire de sa dimension collective, autrement dit selon une “convergence” des individus, que se situe logiquement la dimension supérieure de l’homme.
C’est en effet à partir d’elle qu’il est capable de s’établir dans un dépassement de sa simple “nature”, par une “culture” qui résulte d’une exigence du groupe, et qui s’en vient contraindre cette nature, soit en réprimant ses expressions socialement négatives, ou tout au contraire en exploitant au-delà de leur valeur naturelle, ses expressions socialement positives.
Ainsi, la culture qui est la voie et la seule qui mène à la véritable dimension supérieure de l’homme, est-elle corrélative à sa socialisation et à l’exigence du groupe de sorte que l’homme supérieur est tout simplement l’homme parfaitement socialisé, et il faut remarquer que les fascistes ont en ce sens un comportement contradictoire à leur conviction, car s’ils étaient des hommes supérieurs par nature, ce qu’ils se proclament volontiers, ils n’auraient point besoin du groupe pour la mise en œuvre de leur supériorité…
Rappelons maintenant que les individus qui sont des “personnes physiques”, et leurs sociétés qui sont des “personnes morales”, ont besoin les uns et les autres d’être “déterminés”, afin que s’établisse leur “être”, étant bien entendu que l’indéterminé est précisément ce qui ne possède pas de réalité et dont pas d’être. Or, cette détermination s’opère de ce que les êtres “sont”, à ce qu’ils “font”, ce qui pour les individus et leurs sociétés, nécessite qu’ils soient établis selon un “mythe fondateur” qui les justifie pleinement dans “ce qu’ils sont”, d’où la préoccupation d’identité qui justifiera tous les sectarismes, et un “mythe du progrès” le plus attractif possible, qui les justifie dans “ce qu’ils font”, d’où la quête de supériorité…
Le caractère mythique de ces deux éléments de leur détermination, tient au fait que l’origine lointaine d’un peuple se perd bien sûr dans la nuit des temps, et que sa finalité lointaine ne se trouve pas davantage définie…
Il est manifeste qu’un groupe “exerce” sur ses membres selon un “effet de groupe”, qu’il est facile d’identifier en observant la foule des supporters réunis sans un stade. Ainsi, par la projection de son “unité” au-delà de la pluralité de ses membres et par ceux-là mêmes, ceci, selon un discours identitaire et la manifestation d’une volonté de puissance, un groupe déterminera d’autant plus fortement ses membres à se constituer en lui. La séduction qu’il provoque alors par cette attraction sur ses membres, tient au fait qu’en tant “qu’exercice” sur ceux-là, au-delà de l’ordinaire, et selon l’implication “extractive” de ce terme telle qu’elle se trouve signifiée par le préfixe “ex”, cet exercice provoque leur “exaltation”, laquelle est une “expression” exceptionnelle de l’être qui provoque une augmentation de son “intensité”, avec une “volupté” à laquelle ces membres deviennent rapidement dépendants…
Le fascisme exerce donc un peu à la façon d’une drogue, quand on se sent plus “plein” de soi, plus certain de soi, mieux affirmé, quand on se sent “être” et vivre plus intensément, parfaitement justifié dans son existence entre sa noble origine et son exceptionnel combat, et quand on se sent graduellement devenir plus fort, en compagnie de ceux du clan…  
Notons alors que toutes les religions et par le fait, toutes les civilisations, puisque les secondes n’ont jamais manqué de s’établir autour des premières et que leur base est culturelle, sont sous-tendues par cette attraction de convergence, vers un “au-delà” de l’actuel et de l’ordinaire, qui est “l’Au-delà” transcendant des religions, avec ses promesses de félicité, et d’une façon plus terre à terre, les “lendemains qui chantent” des civilisations.
Ceci pour dire qu’à la fois les religions, et les sociétés humaines surtout républicaines, qui se proposent de rassembler le plus de monde dans un projet commun, la quête d’un mieux être à venir et l’accession à un état supérieur, qu’il soit ici-bas ou dans l’au-delà, grâce à une unité d’action se développant à partir d’une unité d’identification, emportent logiquement en elles-mêmes les principes du fascisme, qui ne devient alors un problème que par l’ampleur démesurée qui devient la sienne et notons le bien, “par réaction”, dans certaines conditions.
C’est en effet dans les sociétés désenchantées comme l’est actuellement la nôtre, qui ne proposent plus aucun idéal de mieux être et de mieux devenir, ni pour l’ici-bas, ni même pour l’au-delà, mais que la résignation à un ordre insatisfaisant des choses, ce qui provoque fatalement selon un malaise indicible mais profond, une destruction de l’intensité de “l’être” de leur citoyens, que les sirènes de l’homme nouveau trouvent écho…
Issu du “faisceau” de roseaux de l’Egypte ancienne qui était dit “Is”, et qui signifiait la chose “sacrée” parce que “unifiée”, le faisceau des licteurs romains constitué quant à lui précisément de “verges” qui servaient à punir les contrevenants, rassemblées autour d’une hache pour carrément exécuter les plus fautifs d’entre eux, symbolisait l’autorité de la république romaine que les licteurs étaient justement chargé de faire respecter. C’est selon cette signification que les révolutionnaires de 1789 l’ont repris comme symbole, pour signifier que c’était désormais le peuple qui selon sa convergence républicaine, était souverain…
C’est ce qui explique qu’il demeure jusqu’à ce jour, le symbole de la présidence de la république française et ceci, même si Mussolini qui était un grand admirateur de la révolution française, qui considérait comme les révolutionnaires de 1789 que l’état devait être au-dessus de tout, et qu’on considérait alors à cause de cela comme étant un homme de gauche, l’a d’autant plus facilement repris à son compte qu’à l’origine ce symbole est romain, pour en faire l’emblème du parti au “faiceau”, ce qui se dit “fascio” en italien et qui devint le parti “fasciste”…
Retenons donc que le fascisme est l’enchainement logique des sociétés désenchantées qui portent atteinte à la plénitude de l’être de leurs citoyens, telles que la nôtre, et à l’heure où certains s’emploient à nous enchainer dans la résignation, préparons-nous à le voir poindre…

                                              Paris, le 20 août 2017
                                                   Richard Pulvar  


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